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Apprendre à s'en servir, apprendre à s'en passer

RCF,  - Modifié le 15 janvier 2020
C'est la question du moment chez les éducateurs : l'utilisation des écrans et le rapport de nous tous petits aux images virtuelles.

Je me souviens d’un dîner avec des amis il y a quelques années, avant d’avoir nos enfants, où l’on était avec plusieurs éducateurs de métier et on parlait utilisation des écrans. J’en étais ressorti avec l’idée que lorsque qu’un enfant de moins de 3 ans était devant un écran il développait réellement moins ses connexions neuronales et que cela cherchait moins sa créativité, sa réflexion, son apprentissage de la parole et de l’immensité du vocabulaire.

Schéma scientifiquement sûrement simpliste je vous l’accorde mais au moment de la naissance des enfants c’était assez clair dans notre tête qu’on voulait faire attention à ne pas les exposer trop tôt aux écrans. Vaste sujet de tous les dîners des jeunes parents. Avec son lot de culpabilisation, de contraintes pour les parents mais aussi son lot d’inégalités renforcées pour les familles les plus fragiles.
  
C’est sûr que quand on se dit que les enfants des pays occidentaux, dès 2 ans, cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran, qu’entre 8 et 12 ans ils passent à près de 4 h 45 et qu’entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45 il y a de quoi être pessimiste et alarmiste sur la situation. Car c’est autant de temps qu’ils ne passent pas à lire des livres, à discuter avec leurs amis, à profiter de jouer dehors et à construire des relations « en vrai ».

Alors oui les usages du numérique par les enfants peuvent être source d’angoisse et font polémiques. D’un côté sont mises en avant les conséquences néfastes de la surconsommation d’écrans sur la santé des jeunes : troubles du sommeil, obésité précoce, troubles psychologiques. De l’autre, on souligne les opportunités du numérique notamment comme outil pédagogique.
 

TOUT EST UNE QUESTION D’EQUILIBRE ?

 
Tout est une question d’usages en fait. Le numérique est aussi une richesse pour construire et partager des savoirs. En matière de numérique, enfants et adolescents en savent parfois plus que les adultes ; ils développent de nouveaux savoir-faire, de nouvelles compétences. Un renversement qui questionne et doit enrichir les pratiques éducatives. Mais pour cela il faut faire des outils numériques des alliés éducatifs et pédagogiques.

Le numérique peut permettre de servir le réel mais il faut alors que les adultes se penchent sur ce que font leurs enfants ou les jeunes qu’ils ont en charge quand ils sont sur leurs écrans. Si c'est bien l'enfant qui joue avec la tablette, alors il apprend et il grandit. Comme dans n'importe quel jeu. Seul l'accompagnement de l'adulte peut, au début, équilibrer la relation enfant-tablette... Car sinon c'est la tablette qui joue avec l'enfant à travers les algorithmes par exemple.
 
Et puis on peut aussi offrir à nos enfants la possibilité d’expérimenter, avec eux, d’autres moments. Pour les éloigner des écrans il ne suffit pas de demander, il faut faire ensemble, faire avec eux, autonomiser les enfants sur tout ce qu'ils peuvent faire et qu'on refuse souvent de leur laisser faire, les rendre acteur de leur vie quotidienne, les laisser jouer dehors en assumant la part de prise de risque que cela nécessite et leur apprendre, profondément, à s'ennuyer et ne rien faire
 
Si les éducateurs sont chargés de donner des ailes (ce que permettent pour partie les écrans en termes d'ouverture) ils doivent s'assurer qu'il y a des racines et une orientation pour voler.

Notre rôle n'est-il pas d'aider nos enfants à être d'ici et de maintenant ?

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