La conclusion du procès est proche. Aujourd’hui, ce seront les plaidoiries de la défense. Demain matin, la cour va délibérer et rendre ses décisions, ce qui mettra fin à trois semaines et demi de débats devant la cour d’assises. Le verdict, il faut le noter, va être prononcé par des magistrats professionnels. Car il s’agit d’une affaire terroriste et, dans ce cas, pour des raisons de sécurité, il ne s’agit pas d’un jury populaire.
Il faut rappeler que les trois accusés présents dans le box ne sont pas les auteurs de l’attentat qui sont morts le jour même des faits. Ils ne sont pas non plus considérés comme complices. Ces trois jeunes hommes sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Ils ont consulté et diffusé la propagande de Daech, tenté ou envisagé de partir Syrie. Surtout, ils ont été en contact plus ou moins étroit avec les assassins. Bref, ils sont accusés d’avoir encouragé l’attentat, en tout cas de ne pas en avoir dénoncé le risque à la police.
Hier, nous avons écouté les réquisitions des deux avocates générales. Elles se sont montrées très sévères dans leur exposition des charges. En revanche, elles ont été plutôt modérées dans leurs demandes de peines. Elles ont requis, selon les trois accusé, 14 ans, 9 ans et 7 ans. Alors que la peine en matière d’association de malfaiteurs terroriste criminelle peut aller jusqu’à 30 ans de réclusion.
Les trois accusés sont des jeunes gens qui ont adhéré plus ou moins brièvement, plus ou moins intensément à l’idéologie djihadiste mais qui n’ont pas de sang sur les mains. Ils n’ont pas fourni d’armes ni d’argent aux terroristes. Par ailleurs, leur conduite en prison depuis bientôt six ans est pour ainsi dire irréprochable.
Des réquisitions qui ne passent pas très bien auprès des parties civiles. Les familles ne comprennent pas que l’un des accusés puisse, si la cour confirme les réquisitions, sortir de prison dans peu de mois puisqu’il est en détention depuis près de six ans. C’est tout le problème des procès de terrorisme où les accusés sont des comparses, des acteurs de second rang alors que les coupables directs ne sont pas là car ils sont morts. Le verdict ne peut en aucun cas être à la hauteur de la douleur des familles.
Dans le cas de Saint-Etienne-du-Rouvray, il y a un autre aspect qui nourrit l’amertume des victimes, c’est leur conviction que la justice et la police n’ont pas fait correctement leur travail de prévention, en d’autres termes que l’attentat aurait pu être évité. En particulier si la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris n’avait pas laissé en souffrance pendant quatre jours une note identifiant l’un des deux assassins. Les policiers sont venus s’expliquer à,la barre mais n’ont pas voulu reconnaître une faute, ce qui est très difficile à accepter pour les victimes.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !