Nice
Un long procès pour continuer le processus de reconstruction et de résilience: les victimes et parties civiles se préparent à cette étape qui n'est pas anodine. Reportage.
Du 5 septembre et 16 décembre. Voilà le long calendrier prévisionnel pour éclaircir au maximum les zones d'ombre autour de l'attaque terroriste qui a fait 86 morts et de nombreuses victimes blessées physiquement, moralement, psychologiquement. L'homme qui a semé la terreur à bord du camion est mort mais le procès va permettre d'en savoir plus sur son profil et sur celui des accusés. Sept hommes et une femme que la cour va interroger sur leur rôle avant l'attaque perpétrée par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel.
Pour affronter au mieux cette étape du procès, les parties civiles et les victimes ont eu des réunions avec leurs avocats. Une préparation pour entendre les arguments de la défense, entendre les peines qui seront prononcées aussi. Maître Philippe Soussi, avocat de dizaines de parties civiles et de l'association française des victimes du terrorisme "considère essentiel que les parties civiles s'approprient le procès pour le processus de reconstruction". Pour y arriver, il faut "expliquer ce qu'est un procès pénal, sans éluder aucune question" explique l'avocat. Il s'agit de permettre à tous de faire face à leurs attentes. M. Philippe Soussi rappelle qu'il faudra aussi "accepter l'idée qu'il restera peut-être des zones d'ombre". Certaines parties civiles se sont même tenues au courant du dossier chaque semaine.
Le 14 juillet 2016, Valérie était sur la trajectoire du camion. Elle s'est jetée sur la plage pour y échapper, y a laissé son genou, ne travaille plus et n'a pas remis un pied sur la Promenade des Anglais. Elle ne souhaitait pas participer à ce procès. Avec l'association française des victimes du terrorisme, elle a participé à des rencontres avec des victimes du 13 novembre 2015 à Paris. Et finalement, le 5 octobre, à Paris, elle va s'adresser aux accusés. "Je pense que j'ai besoin de me dire que c'était réel pour passer à autre chose" concède Valérie qui veut être "libérée" en "laissant les valises là-bas (à Paris)" pour "avoir plus de courage pour retourner" un jour sur la Promenade des Anglais.
"Je vais m'adresser à eux, j'ai prévu, pour leur dire qu'ils n'ont pas leur place dans mon monde, ils n'existent pas pour moi" nous dit Valérie qui ne veut pas mettre trop d'espoir dans ce procès autre que celui de "vider de lourdes valises". "Comme ça je ne serais pas déçue" rajoute-t-elle.
S'accompagner pendant le procès sera aussi utile. Stéphane Erbs sera présent: le coprésident de Promenade des Anges nous explique s'être organisé pour être là "le plus souvent possible". "Les membres de l'association seront là pour se soutenir" explique celui qui a perdu sa femme sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016. L'association française des victimes du terrorisme a aussi prévu du soutien à Paris dans une brasserie à proximité du Palais de Justice à Paris pour ne pas oublier d'échanger sur le procès mais aussi de partager des moments conviviaux. La force d'être à plusieurs pour affronter une épreuve de plus.
SON: Karène Pilibossian, responsable de l'antenne niçoise de l'association française des victimes du terrorisme explique que cet accompagnement est indispensable pour passer l'épreuve du procès.
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