Imperceptiblement, chaque journée est différente de la veille. Cette fois, le printemps est bien là. Avons-nous pris le temps de nous en émerveiller ? Avons-nous pris le temps d’aller écouter pousser les bourgeons, frémir les arbres et couler les ruisseaux ? D’aller regarder chanter les passereaux ? Si nous ne commençons pas par vivre dans la nature, par la découvrir, par l’aimer, alors nous ne pourrons jamais la protéger. C’est sûrement pour cela que le scoutisme est mobilisé pour la défendre : nous vivons avec alors nous l’aimons.
Je suis désolé, je vais vous partager un souvenir d’enfance : un très beau conte pour présenter les quatre saisons de Vivaldi raconté par Delphine Seyrig. La princesse terre s’ennuie, son père le soleil décide de lui présenter quatre princes pour qu’elle choisisse un mari. Le prince pêcher, seigneur du printemps, le prince cerise, seigneur de l’été, le prince érable, seigneur de l’automne, et le prince sapin, seigneur de l’hiver. Elle demande donc à passer une journée avec chacun.
Le prince du printemps est habillé de fleurs roses et jaunes, il a un chapeau nid, et évidemment, pour impressionner la terre, il fait le malin, et il lui offre une robe des près, parsemée de jonquilles, de narcisses et de boutons d’or. Mais il s’emballe, ça part dans tous les sens, impossible de se reposer, et il déchire le ciel en précipitant l’eau des nuages... etc. La Terre est cependant conquise par sa créativité et sa folie. A la fin de la journée, elle lui promet de se donner à lui mais elle est bien obligée de voir quand même les trois autres. Je vous passe les détails, mais au quatrième soir, elle réalise qu’elle s’est promise à chacun des princes. Son père, le soleil, bon et débonnaire, décide alors de couper l’année en quatre pour qu’elle puisse vivre alternativement avec chacun. "La jeunesse du printemps, la force de l’été, la sage douceur de l’automne, le calme puissant de l’hiver sont tous nécessaires à ton bonheur" lui dit-il.
Bien sûr, il ne s’agit pas que de nature. Jeunesse, âge mûr, vieillesse, il s’agit bien de la vie en général, et ce conte remet donc de façon parfaite la vie des humains dans ce grand cycle perpétuel du vivant. "Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher" nous dit le livre de lEecclésiaste. La graine qui germe au printemps meurt pour donner la vie à une nouvelle plante.
Evidemment, si vous voyez un bout de parallèle avec un autre sujet d’actualité brûlante pour nous catholiques, ce n’est pas complètement fortuit. S’émerveiller devant la Création, c’est aussi se tourner vers le Créateur. Peut-être sommes-nous dans un nouveau printemps de l’Eglise, quand les graines meurent, quand on voit surgir des bourgeons mais sans savoir encore à quoi ressembleront les fruits. Une période compliquée d’exubérance mais une période chargée d’Espérance.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !