Ce mercredi 6 septembre, le pape François mettra un pied sur le sol colombien. Il en avait fait la promesse peu après son élection, à condition que le pays divisé par un conflit interne depuis cinquante ans fasse un effort de pacification.
Pari tenu, puisque le 27 septembre 2016, l'un des partis qui s'opposait jusque là au gouvernement officiel, accepte de signer un accord de paix historique. Le pape devrait adresser à la Colombie des encouragements pour continuer les efforts de réconciliation et porter une attention vigilante à la Création.
"Le processus de paix constitue une réconciliation entre les peuples, certes, mais aussi une réconciliation des peuples avec la création."
Responsable du Pôle Amérique Latine et Caraïbes au Secours Catholique, Aude Hadley explique que cette visite peut avoir un véritable impact dans le processus de paix national qui n'en est pourtant qu'à ses balbutiements. En effet, la population colombienne réagit assez différemment à la présence des divers groupes armés (armée du gouvernement, Farc, ELN, paramiliataires) à mesure où les régions ont été marquées par les conflits de manière disparate. "Par exemple, les habitants des centres urbains qui ont connu moins de violence sont plus réticents à la présence des Farcs", explique Aude Hadley.
Or, ces mêmes Farcs souhaitent se réintégrer à la société, après des années de vie clandestine en forêt. C'est du moins ce qu'ils confiaient à la délégation du Secours Catholique en juillet 2017. "Ce contraste pourrait avoir une influence sur les prochaines élections, dans six mois", analyse-t-elle.
Point d'emballement dans cet an I de la mise en oeuvre de l'accord donc. "On oublie que les processus communautaires jouent un rôle déterminant dans l'acceptation nationale d'une réconciliation. Dans les endroits laissés "libres" par les Farcs, la présence d'autres groupes armés qui souhaient revenir sur l'accord est frappante."
Mais l'arrivée du pape "bouscule ces tensions" car les partis ont cherché à établir une sorte de trève afin de l'accueillir dans leur pays, l'un plus catholiques au monde où il est très attendu comme en témoignent les chansons composées à cette intention.
Autre problématique: "Le processus de paix constitue une réconciliation entre les peuples, certes, mais aussi une réconciliation des peuples avec la création." Aude Hadley rappelle ainsi que le conflit colombien est lié à une problématique de propriété foncière: "Le déplacement des peuples suite aux mouvements et menaces des différents groupes armés risque d'entraîner un processus de déforestation plus intense". Nul doute que l'auteur de l'encyclique "Laudato Si" tire le signal d'alarme concernant cet enjeu méconnu.
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