Vous avez vu le film "Un homme pressé", avec Fabrice Luchini. Une histoire dramatique en dépit de l’humour avec lequel elle est traitée, qui invite à réfléchir sur notre façon de prendre ou non le temps de vivre.
"Je me reposerai quand je serai mort". Alain qui s’exprime ainsi est un homme d’affaire, grand patron dans l’automobile que tout le monde respecte, ou plutôt craint. Il court après le temps, dans une maitrise apparente de sa vie et de celle de ses collaborateurs qu’il domine. Pas de place pour le repos, donc, mais pas de place non plus pour aucune forme de gratuité ni de rencontre, pas même pour sa fille qu’il ne voit pas grandir à côté de lui.
Cette illusoire toute puissance est brutalement stoppée par l’accident cérébral qui le laisse diminué. Licencié, sa vie bascule douloureusement, jusqu’à ce que peu à peu, Alain découvre le goût du temps apaisé et tout ce qu’il permet : la contemplation qu’il expérimente sur les chemins de Saint Jacques, la gratitude dont il était incapable, la rencontre de l’autre, à commencer par sa fille. L’homme pressé, transformé par la fragilité, devient un homme vivant, qui trouve le sens profond de la vie.
Ce film est inspiré d’une histoire vraie, celle de Christian Streiff, l’ancien PDG de PSA, dont le titre du livre, au Cherche midi est "J’étais un homme pressé".
Oui Stéphanie. Son livre est le récit de son combat pendant trois ans pour se délivrer de son handicap, et une terrible confrontation avec lui-même. C’est ce combat que le film retrace. Au-delà de l’aspect presque caricatural de la personnalité d’Alain, nous sommes nombreux à pouvoir nous y reconnaitre, tant notre société post moderne nous pousse à courir toujours plus. Le temps est compté. On court d’une priorité à une autre. On court trop, et on ne sait pas s’arrêter.
Précisément, vous connaissez une méthode ?
Pas vraiment, Stéphanie, je cours comme tout le monde ! Mais parmi nous, il y a des personnes qui courent moins et qui voudraient bien compter parmi nos priorités. Ce sont les personnes fragiles, âgées, handicapées, malades, précaires, qui sont en dehors de cette agitation. Et par leur lenteur, elles ont un talent fou pour nous mettre dans le bon temps. C’est le temps de la rencontre, le temps de l’autre, ce temps lent qui nous apaise et qui nous met dans le bon sens : celui de la contemplation qui est le poids de toutes nos actions.
Alors en cette fin d’année, évidemment agitée comme toutes les fins d’année, pour ceux d’entre nous trop affairés qui croulent, osons aller à la rencontre de ces personnes de notre entourage qui ont le temps et qui n’attendent que de nous le partager : la voisine âgée, le cousin chômeur, l’ami en dépression, la grand-mère alitée… Nous ferons la même expérience qu’Alain : la paix qu’apporte la rencontre avec soi-même et avec l’autre. Pas besoin d’attendre l’AVC ! Avec eux, passons en mode "temps lent" pour une bonne fin d’année !
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