Les chiffres du chômage deviennent cruciaux, chaque mois, à six mois de la présidentielle. Mardi 25 octobre, les chiffres du mois de septembre apparaissent particulièrement positifs pour l'Exécutif. Le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A, sans aucune activité, baisse de 66 300, soit 1,9% de chômeurs en moins. Avec ces chiffres, le chômage connaît un troisième trimestre consécutif de recul. Sur un an, la courbe du chômage s'est inversée. Eclairage avec Eric Heyer, directeur du Département analyse et prévision à l'OFCE (l'Observatoire français des conjonctures économiques).
"Il faut prendre avec précautions les chiffres mensuels", prévient l'économiste. "Pôle Emploi a réalisé un changement de mode de calcul depuis le mois de janvier donc il n'est pas rare de constater de fortes variations d'un mois à l'autre. Il vaut mieux lisser les chiffres sur un trimestre voire un semestre", conseille Eric Heyer.
Il poursuit : "après ce travail, on observe globalement une légère baisse du chômage depuis un an, dans toutes les catégories, que ce soit par âge ou par sexe. Il y a donc une légère baisse, mais le chômage reste quand même à un niveau élevé." Le nombre de demandeurs d'emploi s'établit effectivement encore à un peu moins de 3 millions 500 mille. "De ce fait", poursuit Eric Heyer, "l'inversion de la courbe du chômage n'est pas encore ancrée dans l'esprit de la population."
"Si l'on regarde le travail de l'Insee, qui calcule le chômage au sens du BIT (Bureau International du Travail), on s'aperçoit que 150 000 emplois nets sont créés chaque année par le secteur privé", détaille l'économiste. Il ajoute : "avec les emplois aidés créés par le secteur public, on arrive à 200 000 emplois nets qui apparaissent chaque année. Ils absorbent donc les nouveaux entrants sur le marché du travail, environ 130 000 par an. Donc environ 70 000 postes sont créés chaque année à destination des demandeurs d'emplois", conclue Eric Heyer.
"On est donc devant une vraie baisse du chômage, vertueuse", indique l'économiste. Mais il relativise : "cette baisse est lente et donc la France ne devrait pas retrouver à court terme le taux de chômage d'avant la crise." Pour lui, le pari du gouvernement est maintenant de faire comprendre aux citoyens, qui ne constatent pas de bouleversement, que la baisse, aussi faible soit elle, existe bien.
L'économiste aborde aussi la question du plan de 500 000 formations mis en place par le gouvernement. "Ce plan influe sur les chiffres de Pôle Emploi, mais de façon transitoire", indique Eric Heyer. Il ajoute : "les personnes formées vont revenir au chômage après 6 à 7 semaines de formation." Mais pour l'économiste, les formations ne sont pas la seule raison qui explique la baisse du chômage.
L'analyse complète d'Eric Heyer au micro de Benjamin Rosier
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