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Béatification des martyrs d'Algérie: "ce sont des héros du quotidien" explique l'évêque d'Oran

Un article rédigé par Jean-Baptiste Le Roux - RCF,  - Modifié le 14 septembre 2018
Les 19 martyrs algériens seront béatifiés le 8 décembre prochain. Un événement organisé par l'évêque d'Oran, Mgr Jean-Paul Vesco.
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Pourquoi une béatification commune ?

"C’était une décision importante prise au moment de l’ouverture de la cause en béatification. Le symbole était de dire que ce n’est pas le témoignage de 19 personnes qui ont été tuées, mais c’est le témoignage de vie d’une Eglise toute entière restée en solidarité avec un peuple auquel elle se sait envoyée. Pour nous, ce ne sont pas 19 personnes seulement que l’on veut célébrer, mais c’est le témoignage d’une Eglise que l’on veut donner" explique Mgr Jean-Paul Vesco.
 

Quel est le sens du martyr dans l’Eglise ?

"C’est un terme qui nous pose problème ici dans le cadre de cette béatification même si effectivement ils sont bien morts au nom de leur foi, en tant que chrétien. Mais c’était dans un cadre beaucoup plus vaste de guerre civile où 200.000 Algériens ont trouvé la mort, où 114 imams ont été assassinés car ils refusaient de concéder la violence. Mais ce sont plutôt des témoins de l’amour et de la fraternité plutôt que des personnes assassinées en haine de leur religion" ajoute l'évêque d'Oran.
 

Parmi ces martyrs, on compte les moines de Tibhirine qui avaient une vraie relation de fraternité avec les musulmans de leur secteur ?

"Pas seulement ces sept moines, mais tous les membres de l’Eglise, qui étaient de vrais héros du quotidien. Ils sont restés avec ces gens. Tous sont restés car il n’était pas question de partir, car ils avaient des liens, car ils aimaient les personnes avec qui ils vivaient, et qui étaient aimées d’elles. Pour les moines de Tibhirine, ils ont véritablement fait face ensemble à la possibilité du martyr. Parmi ceux qui ont été tués, tous savaient que quand ils partaient, ils ne savaient pas s’ils rentreraient le soir. Comme tout le peuple algérien" ajoute Mgr Jean-Paul Vesco.
 

Pensez-vous souvent à Mgr Claverie, et au fait que cela puisse aussi vous arriver ?

"Je pense beaucoup à lui. Mais pas du tout à la possibilité que cela puisse m’arriver. Je pense que lui y a pensé dans les derniers temps. Je suis très touché. J’étais au noviciat des dominicains quand il a été tué. Je ne l’ai pas connu personnellement. Mais il y avait une sorte de lien qui était là. Il s’est révélé lors d’une première affectation quelques années après, et que du fait de la mort du père Clavery, l’ordre se posait la question de renvoyer des frères pour avoir une présence dominicaine sur place" lance l'évêque d'Oran.
 

Pourquoi un procès en béatification aussi rapide ?

"On ne s’attendait pas du tout à ça. À vrai dire, au moment d’engager cette cause, l’Eglise était partagée. Et ce qui l’avait emporté c’était de se dire qu’à notre génération, le travail soit fait. Après cela prendra des décennies, voire cela ne se fera jamais. Et c’est au début de l’année 2017 que nous avons été prévenus et stupéfaits de cela, que la cause avait avancé extrêmement vite car elle état voulue par le pape François, et qu’il fallait préparer notre Eglise à vivre cet événement. Et notre Eglise n’était pas prête pour cela. Le message qui avait été véhiculé dans la vie de cette Eglise, est encore d’une actualité plus brûlante encore qu’il y a 25 ans. Que la question du vivre ensemble ne soit plus sur le devant de l’actualité. J’aurai aimé que finalement cette cause reste un peu dans ses placards car on est passé à autre chose. Malheureusement ce n’est pas le cas, et le message brûlant de cette béatification est vraiment pour aujourd’hui" reconnait Mgr Jean-Paul Vesco.
 

Qu’est ce que cette béatification nous dit de ce qui peut avancer dans le dialogue interreligieux ?

"Nous avons une communauté de destins avec des Algériens qui étaient leurs amis, leurs voisins, avec des gens qu’ils ne connaissaient pas aussi. Une communauté de destin dans la joie et dans la peine. Si on pouvait à travers cette béatification, réaliser que tous les hommes, toutes les femmes, quelles que soient leur religion, leur culture, leur couleur de peau, sont des frères et sœurs dans un commune humanité, cela serait merveilleux" conclut l'évêque d'Oran.
 

Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d'Oran, interrogé par Etienne Pépin:


 

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