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Benoît XVI, un pape théologien

Un article rédigé par Frédérique Petit - RCF Bruxelles, le 3 janvier 2023 - Modifié le 3 janvier 2023
Bruxelles ma BelgeEmission spéciale décès du Pape émérite Benoït XVI - Christophe Herinckx

Des milliers de fidèles affluent depuis lundi matin au Vatican pour rendre un dernier hommage à Benoît XVI, mort samedi à 95 ans. Son corps est exposé sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome avant ses funérailles jeudi. On est cependant loin de la foule qu'on avait connue lors du décès de Jean-Paul II. Rien d'étonnant, explique Christophe Herinckx, théologien et journaliste à Cathobel. 

©Cathobel©Cathobel

La grande différence avec le décès de Jean-Paul II, explique Christophe Herinckx, c'est bien sûr la longueur du pontificat de Jean-Paul II. Par contre, Benoît XVI n'est plus pape depuis 9 ans. On ne pense pas que beaucoup de catholiques feront le déplacement à Rome pour ses funérailles ce jeudi. Par contre, ajoute Christophe Herinckx, on pourra compter sur une foule de fidèles sur place. Le cardinal Jozef De Kesel y représentera la Belgique. Seront également présents les présidents italien et allemand. 

Pour Christophe Herinckx, il faut s'attendre à une liturgie assez simple, mais très belle : "la liturgie était vraiment un de ses leitmotiv de son pontificat et de sa théologie". On attend aussi l'homélie que prononcera le Pape François : "ce sera intéressant de voir ce qu'il retiendra du pape Benoît XVI dans son homélie jeudi". 

 Christophe Herinck, lui, retient le grand théologien : devenu professeur d'université alors qu'il était encore tout jeune prêtre, il était expert au Concile Vatican II entre 1963 et 1965 : " à l'époque, il était considéré comme réformiste et progressiste", rappelle Christophe Herinck. Après Vatican II, il a pris un tournant plus conservateur, estimant que l'application des réformes sortaient du cadre du texte. On peut dire que c'était un pape de la continuité  : " pour lui, la tradition catholique était d'une grande richesse. Vatican II devait s'inscrire dans la tradition théologique, et pas se situer en rupture", explique Christophe Herinck. 

C'est un pape qui comme théologien  - et théologien comme Pape -  a essayé d'aider les chrétiens à entrer dans la profondeur de la foi, dans la compréhension des mystères de la foi. 

Avant d'être pape, Benoît XVI, alors Cardinal Ratzinger, avait été préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Pendant plus de 20 ans, explique Christophe Herinckx, il avait été en quelque sorte "le gardien du dogme". C'est Jean-Paul II qui l'avait nommé à cette fonction. Son rôle a été alors de vérifier que les théologiens ne s'écartaient pas de la doctrine officielle de l'Eglise avec quelques condamnations à la clé : "ce qui lui a donné une assez mauvaise réputation, constate Christophe Herinckx, qui se résumait bien dans son surnom de "panzer cardinal".  Une fois qu'il est devenu Pape, il a pu reprendre une fonction plus d'enseignant de la théologie : " et s'il n'était pas toujours aimé ou compris, c'est parce que sa pensée était tellement nuancée que même pour des chrétiens pratiquants elle n'était pas toujours facilement compréhensible. C'était un Pape spécialiste, qui ne parlait pas à tout le monde", remarque Christophe Herinckx. 

 

 

 

En tant que Pape émérite, Benoît XVI a renoncé à tout rôle public au sein de l'Eglise, laissant la place à son successeur François. "Il s'est permis quelques exceptions à sa règle, note Christophe Herinckx, en intervenant quelques fois dans la presse ou à travers des publications. Ce qui lui a d'ailleurs été reproché".  Il y avait un grand respect entre Benoît XVI et François, bien loin de ce qui a pu paraître dans la presse. "Mais il y avait clairement deux styles différents et deux interprétations différentes de la tradition de l'Eglise ou de la place des dogmes, remarque Christophe Herinckx. 

Benoît XVI était un Pape théologien, François est un Pape beaucoup plus pastoral, qui a voulu remettre les pauvres au coeur de la mission de l'Eglise

" Sur le fond, conclut Christophe Herinckx, ce ne sont pas deux pontificats qui s'opposent mais deux orientations différentes qui sont complémentaires. Il y a une continuité qui permet des différences et de mettre en valeur les différentes dimensions de la foi. Aucun Pape, ni aucun chrétien, ne peut à lui seul mettre en oeuvre tous les aspects de l'Evangile. 

© rcf
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Bruxelles ma Belge
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