À partir du 1er janvier 2024, les buralistes pourront diversifier leur offre et vendre à leur clientèle des cartouches pour armes à feu. Un marché encadré, mais qui est loin de faire l’unanimité.
Depuis son bureau de tabac de Bourg-Saint-Maurice, Jean-Paul Mengeon prévient. “Pour le moment, on n’en sait pas grand-chose, ça va s’affiner début 2024”. Mais une chose est sûre, pour le président de la Confédération savoyarde des buralistes, cette diversification de l’offre est une bonne nouvelle. “La vente de tabac est en baisse depuis des années. Avec la hausse du prix du paquet, les marchés parallèles se développent” regrette-t-il. “Il faut bien que le buraliste trouve d’autres activités”.
Les études estiment que 30 % à 40 % de la vente se fait sur des marchés parallèles
Une diversification contrainte, mais pas forcée selon Jean-Paul Mengeon et qui a commencé il y a déjà plusieurs années. “Aujourd’hui ceux qui le souhaitent peuvent déjà être des points relais pour les colis, des points de retraits de liquide pour certaines banques aussi”.
À condition d’être formés, ces professionnels pourront donc, dès le début de l’année prochaine vendre des munitions contre la présentation d’un permis de port d'armes.
Une annonce qui n’a pas manqué de faire monter au créneau les armuriers qui craignent, à terme, d'être remplacés, eux qui sont de moins en moins nombreux sur le sol français à exercer cette profession. Au micro de l’AFP, Yves Gollety, président de la chambre syndicale nationale des armuriers a tenté de tempérer. “Les bureaux de tabac seront plus chers que les armuriers (...) si les armuriers se débrouillent bien et alimentent les bureaux de tabac, c’est un business pour eux aussi”.
“Le but ce n’est pas de les remplacer” confirme Jean-Paul Mengeon. “Ce sera essentiellement du dépannage, pour éviter une commande internet ou de faire des centaines de kilomètres de route pour s’approvisionner”.
Un dépannage vu d’un très bon œil par les fédérations de chasse qui, régulièrement, se plaignent de la distance à parcourir par certains chasseurs pour refaire leur stock de cartouches.
Une mesure qui questionne aussi le comité national contre le tabagisme
Au lendemain de l’annonce du chef du service central des armes et explosifs auprès du ministère de l’Intérieur, le CNCT s’est fendu d’un communiqué dénonçant une décision hasardeuse. “Alors que les dernières données du Comité national contre le tabagisme montrent que deux buralistes sur trois continuent de vendre du tabac à des mineurs en toute illégalité, il semble raisonnable de s’interroger sur l’effectivité du contrôle des ventes de munitions”.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !