La colère gronde chez les agriculteurs. Ils bloquent actuellement 16 raffineries et dépôts pétroliers. Ce qui a mis le feu aux poudres c’est la décision du groupe Total d’importer de l’huile de palme pour sa bioraffinerie de Mède dans les Bouches du Rhône. Mais plus globalement, la FNSEA et les jeunes agriculteurs mettent en cause les contradictions d’un gouvernement qui exige de ses agriculteurs des normes qu'il n'impose pas aux produits agricoles importés.
Tout comment le 16 mai dernier, lorsque le groupe Total reçoit l’aval de l'Etat pour exploiter ce site. A compter de sa mise en service cet été, la bioraffinerie devrait importer chaque année jusqu'à 300.000 tonnes d'huile de palme, une huile 30% moins cher que le colza. Une concurrence fatale pour les producteurs de colza français comme l'explique Pierre Lebaillif, président des Jeunes agriculteurs de Normandie.
Les exploitations de 75.000 producteurs de colza seraient ainsi en péril selon la FNSEA. L’importation de 300.000 tonnes d’huile de palme par an, c'est la goutte d’huile qui fait déborder le vase pour les syndicats, et cela à double titre. Cela risque d’une part d’affaiblir la filière colza mais aussi de fragiliser le marché français en protéines car dans la graine de colza, il y a certes de l’huile mais aussi un résidu appelé tourteau. Il est utilisé pour nourrir les animaux. Précisons que dans une tonne de colza il y a environ 33% d’huile et 66% de tourteau.
Un coup dur pour la filière colza mais le groupe Total se défend. L'entreprise a décidé en 2015 de reconvertir la raffinerie de Mède en bioraffinerie. Elle fait valoir que son projet de reconversion a permis de sauver 250 emplois. Par ailleurs le groupe dit s’être engagé auprès du gouvernement à ce que les huiles de palme fassent moins de 50% de l’approvisionnement de cette usine soit 300.000 tonnes maximum, contre 550.000 tonnes prévu au départ. L’usine s’est par ailleurs engagée à utiliser 50.000 tonnes de colza français.
En ce qui concerne les blocages des agriculteurs, le risque de pénurie est quasi nul. La FNSEA reconnaît que le but de l’action n’est pas de pénaliser les consommateurs mais de faire entendre la voix des agriculteurs. Seize raffineries et dépôts sont actuellement bloqués sur un total de quelques 200 sites en France. Et le mouvement doit s’achever mercredi soir.
Mais tout devrait se jouer cette après-midi. Le ministre de l’Agriculture recevra à 15h la FNSEA et les jeunes agriculteurs. Il a d’ores et déjà prévenu qu’il ne reviendrait pas sur l’autorisation accordée à Total d’importer de l’huile de palme pour fabriquer du biocarburant.
Et à propos de ces “bio-Carburants” qui n’ont de bio que le nom, les associations de défenses de l’environnement comme les ONG qui oeuvrent au côté des petits paysans du sud, ces associations n’ont de cesse de dénoncer une industrie qui mobilise les terres pour nourrir les voitures plutôt que pour nourrir les hommes ...
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