« Le monde d’après sera le même, en un peu pire ». C’était la sombre prédiction de l’écrivain Michel Houellebecq début mai… Hélas, nos députés n’ont pas tardé à lui donner raison en adoptant le projet de loi bioéthique, en accéléré et en catimini, dans la chaleur de l’été. Ils n’étaient qu’une poignée dans l’hémicycle, qui n’ont eu de cesse que d’amender le projet pour le rendre, article après article, « un peu pire » dans tout ce qu’il avait déjà de transgressif : fondements de la filiation, manipulation du vivant avec la création de chimères homme/animal ou encore d’embryons humains génétiquement modifiés, ouverture à la marchandisation, et, cerise amère sur le gâteau, introduction en dernière minute et en pleine nuit d’un critère invérifiable de « détresse psychosociale » pour permettre l’interruption médicale de grossesse jusqu’au dernier jour de celle-ci. Oui, le dernier jour de la grossesse !
On avance ainsi les yeux fermés vers tous les possibles que la science et le marché permettent, qui deviendront, hélas, les drames de demain. « Le sens de l’histoire » justifient ceux qui l’ont voté. Un sens de l’histoire qu’interroge vivement Bruno Saintôt, expert en bioéthique, dans le journal La Vie. Il y voit surtout un tissus de contradictions : « Plus de contrôles sélectifs sur les enfants à naître, tout en prétendant défendre les plus vulnérables – dit-il - vouloir lutter contre les tyrannies de la finance et encourager la course aux innovations les plus lucratives et le marché procréatique » - et de questionner - Comment défendre un autre progrès face aux urgences écologiques ? »
Monseigneur d’Ornellas ne dit pas autre chose dans un communiqué: « Notre planète si malmenée nous impose d’urgence un virage écologique. L’usage excessif de techniques sur l’être humain ne nous obligera-t-il pas de prendre un virage, celui de l’écologie humaine ? Tout est lié dans le respect du vivant, qu’il appartienne à la nature ou qu’il soit humain. »
« Tout est lié », ce sont les mots du Pape François dans Laudato Si. Le drame écologique et le drame bioéthique ont les mêmes racines : libéralisme, scientisme, individualisme, qui nous conduisent dans une impasse ; alors que la fraternité, la gratuité, la fragilité ouvrent un avenir. Plus nous sommes en situation de fragilité collective, plus la fraternité nous permet de faire face collectivement. S’il existe un sens de l’histoire, il ne peut être que celui d’un monde plus humain, plus fraternel, proche des plus fragiles. Ne le ratons pas !
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