Wa Lone et Kyaw Soe Oo, deux reporters de l’agence de presse Reuters, ont été condamnés lundi 3 septembre à sept ans de prison ferme. Un verdict très lourd pour ces deux journalistes, accusés de violations de « secrets d’Etat », qui avaient enquêté sur un massacre en décembre dernier. Les reporters enquêtaient sur l’exécution sommaire commise par des soldats birmans sur dix paysans rohingya, dans le village d’Inne Din, près de l’Etat de l’Arakan.
Les corps des victimes avaient été retrouvés après les massacres de masse commis à partir du 25 août 2017 par les forces de sécurité birmanes, contre cette minorité toujours persécutée à l’heure actuelle. Aujourd’hui, de nombreux membres de la communauté rohingya séjournent toujours au Bangladesh. Une situation face à laquelle la cheffe du gouvernement, Aung San Suu Kyi, par ailleurs prix Nobel de la Paix, n’a jamais bougé le moindre petit doigt.
Un immobilisme aujourd’hui critiqué après la sanction prononcée à l’encore de Wa Lone et Kyaw Soe Oo. C’est du moins l’avis de l’ONG Reporters sans frontières. "C’est plus qu’inquiétant. C’est, je le crains, le début de la fin de la transition démocratique en Birmanie. Aung Sans Suu Kyi, qui est de facto la cheffe du gouvernement birman actuel, par ailleurs prix Nobel de la Paix, n’a pas levé le moindre petit doigt pour défendre ces deux journalistes de Reuters emprisonnés depuis décembre dernier" explique Daniel Bastin, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
"Ils sont condamnés pour atteinte aux secrets d’Etat mais qu’ont-ils fait ? Ils ont enquêté tout simplement sur un massacre qui a eu lieu le 2 septembre 2017, soit un an et un jour. Et personne n’a le droit en Birmanie, d’aller enquêter, d’après les informations que l’on a, sur ce qui est un génocide. Donc c’est très grave en 2018 qu’on ne puisse pas laisser les journalistes faire la lumière sur un nettoyage ethnique" conclut-il.
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