Depuis une vingtaine de jours, l'Ukraine vit sous les bombes russes. Pour montrer son soutien, la ville de Bourges a officialisé la semaine dernière un "jumelage solidaire" avec Korosten en Ukraine. Une commune située près de Tchernobyl, qui a déjà subi de lourds dégâts.
Bourges est solidaire de l'Ukraine. La Mairie a officialisé mercredi 9 mars un jumelage avec Korosten, une ville située à 50 km de Tchernobyl et 100 km de Kiev, dans une zone très touchée par le conflit avec la Russie. Dans l'enceinte du Conseil municipal, le maire de Bourges Yann Galut et son homologue ukrainien Wolodymyr Moskalenko ont échangé en visioconférence avant de signer une charte d'amitié. En 2013, Korosten comptait 65 000 habitants... Comme Bourges.
Située dans l'oblast (terme qui désigne une région administrative, l'équivalent de nos départements français) de Jytomyr, Korosten n'est pas épargnée par le conflit. Depuis le début de la guerre, les sirènes d'alerte ont déjà résonné 60 fois : la gare, les usines, mais aussi les monuments historiques et musées ont été bombardés par les Russes. Les deux-tiers des femmes et des enfants auraient fui, et la ville compterait déjà une soixantaine de morts. Le maire Wolodymyr Moskalenko demande aux occidentaux des armes de dernière génération, ainsi qu'une zone d'exclusion aérienne pour protéger le ciel ukrainien.
Des décisions qui ne sont évidemment pas à la portée de son homologue berruyer : « Nous allons relayer, mais nous, clairement, en tant que ville de Bourges, nous allons plus être dans l'accompagnement humanitaire », explique le maire de Bourges. Yann Galut ajoute : « Ils commencent à manquer de produits d'hygiène, de produits de première nécessité, donc on va regarder ce qu'on peut faire avec eux. Et puis on va voir comment on peut accueillir des familles de Korosten. »
Ma ville, elle se fait détruire. Il n'y a plus d'eau, plus d'électricité, plus de réseau ; on ne peut même pas contacter les personnes qui sont là-bas, donc je ne sais même pas comment vont mes proches [...] J'ai trop peur pour eux...
Durant cet échange entre les deux maires, c'est Rodion Krotov qui a assuré la traduction. Cet ukrainien de 20 ans est arrivé à Bourges en 2015. Depuis le début de l'invasion russe, il ne se ménage pas pour aider son pays : « Je sens que je vais être sollicité un peu partout », confirme le jeune homme. « Que ce soit par la Mairie ou la Préfecture... D'un autre côté, je fais des aides humanitaires. Je fais 8h-22h tous les jours. C'est beaucoup de travail, mais c'est mon pays. Je ne peux pas ne pas agir ! »
Rodion Krotov a vu son père quitter Bourges il y a peu de temps pour partir à la guerre, direction Marioupol, la ville d'où la famille de Rodion est originaire. La cité portuaire est ravagée par les bombardements ; plus de 2 100 habitants auraient été tués depuis le début de la guerre, selon le maire de la ville. C'est là-bas qu'un hôpital pédiatrique a été visé et touché par les Russes le 9 mars dernier. La grand-mère et l'oncle de Rodion y vivent toujours, comme beaucoup de ses amis d'enfance : « Pour l'instant, il n'y a pas beaucoup de nouvelles, je ne sais pas où [mon père] est, je ne sais pas ce qu'il fait... » déplore le jeune homme. Il ne peut cacher son inquiétude : « Ma ville, elle se fait détruire. Il n'y a plus d'eau, plus d'électricité, plus de réseau ; on ne peut même pas contacter les personnes qui sont là-bas, donc je ne sais même pas comment vont mes proches [...] J'ai trop peur pour eux... »
Bourges a mis à disposition le Prieuré Saint-Martin pour trier les dons à destination de l'Ukraine. Si vous voulez accueillir des réfugiés les informations sont ici.
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