Cher
Une exposition passionnante à découvrir aux Archives Départementales du Cher durant tout l'été. "Des bulles dans le maquis", ou l'image de la Résistance vue par la bande dessinée des années 40 à nos jours.
Le coup de crayon pour raconter le coup de feu. L'exposition "Des bulles dans le maquis", à découvrir aux Archives Départementales du Cher, retrace l'image de la Résistance Française de l'Occupation à nos jours. Sur place, de nombreuses pièces à découvrir, des journaux des années 40... Aux ouvrages plus récents. Durant l'Occupation, la BD a été une arme de propagande pour les Allemands, grâce à la puissance évocatrice du dessin : « On s'adresse à tous. D'autant qu'à l'époque et notamment dans les journaux légaux, certaines bandes dessinées sont souvent sans texte » confirme Xavier Aumage, commissaire de l'exposition et archiviste au musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne. « Un enfant peut tout à fait lire, une personne illettrée peut également comprendre certains messages. »
La BD est une arme de propagande, mais aussi un outil de résistance : « Oui, mais avec les moyens dont dispose la Résistance » relativise Xavier Aumage. Exemple : quand la propagande allemande publie la brochure "Les aventures de Célestin Tournevis" pour inciter les Français à partir travailler Outre-Rhin, les maquisards répondent sans attendre : « Immédiatement, la Résistance s'est emparée de cette histoire et a détourné l'aventure de "Célestin Tournevis" en proposant dans le journal Combat en janvier 1943 "La mésaventure de Célestin Tournevis". Les cases parlent d'elles-mêmes : Célestin part en Allemagne et le train est bombardé. Il est même exécuté par une sentinelle allemande. »
Parmi les œuvres marquantes de cette période, "La bête est morte" d'Edmond-François Calvo avec sa célèbre couverture, où Hitler est représenté en loup féroce. L'album paraît, alors que la guerre n'est pas encore terminée : « Ce premier tome est réalisé clandestinement et sort à l'automne 1944. Les Allemands sont représentés par les loups, les Anglais en bouledogues, les Américains en bison et les Français en lapin, écureuil, chamois, isard... Les animaux inoffensifs qui sont prêts à être croqués par les méchants loups ! ». Le deuxième tome sortira en juin 1945, un mois après la défaite des nazis. Ce récit anthropomorphique préfigure en quelque sorte le célèbre "Maus" (Flammarion) d'Art Spiegelman, qui sortira dans les années 80, l'une des oeuvres majeures du neuvième art.
Malgré sa richesse, la bande dessinée a dû patienter avant d'être prise au sérieux par les historiens, à part quelques exceptions comme Pascal Ory : « Effectivement, jusqu'à une certaine période, la BD n'était pas perçue comme quelque chose de sérieux » regrette Xavier Aumage. Elle est pourtant un vecteur puissant : « On peut tout à fait balayer le XXe siècle, la mémoire de la Résistance en suivant la bande dessinée ! Parfois, avec des vides, quand il y a des tabous. Puis ces tabous sautent et petit à petit, on évoque certains sujets, on élargit. Maintenant, le biopic est devenu l'une des principales formes que l'on retrouve dans les bandes dessinées. »
Des biopics qui inondent les librairies et connaissent de beaux succès critiques et commerciaux comme l'incontournable "Il était une fois en France" (Glénat) de Fabien Nury et Sylvain Vallée, ou plus récemment "Madeleine, Résistante" (Dupuis) de Jean-David Morvan et Dominique Bertail et bien-sûr localement "Le saint & l'assassin" du dessinateur berruyer Bernard Capo.
"Des bulles dans le maquis" à découvrir jusqu'au 17 septembre aux Archives Départementales du Cher.
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