A 36 ans, marié et père de 3 enfants, Bruno Spriet devient le nouveau secrétaire général de la conférence des évêques de Belgique. Il remplace mgr Herman Cosijns atteint par la limite d’âge. Théologien et titulaire d’un MBA de Vlerick, c’est le premier laïc à occuper ce poste important en Belgique. Qui est-il ? Qu’est-ce que son travail en fait ? Pourquoi a-t’il été choisi et a-t’il accepté ce poste ? Quelles sont ses sources d’inspiration. Rencontrez Bruno Spriet au micro de Jacques Galloy.
Il inspire le calme et la réflexion. Il vient chaque jour en vélo à son bureau de la rue Guimard, le QG de l’Eglise Catholique de Belgique près du quartier européen. Les évêques de Belgique l’ont choisi pour coordonner leurs réunions mensuelles, leurs actions communes en termes de communication, de liturgie, d’affaires internes mais également les interactions conjointes avec les autorités civiles et politiques.
Chaque diocèse a une grande indépendance et est dirigé par un évêque et son conseil épiscopal. Il y a 8 diocèses en Belgique. Depuis longtemps, les évêques d’une même région voire d’un même pays comme dans notre petite Belgique, coordonnent leurs actions au sein d’une conférence qui se réunit formellement une journée par mois pour aborder un tas de sujets. En Belgique, la réunion est nationale, bilingue et se tient généralement à Malines. Cela dit, les néerlandophones et les francophones se réunissent aussi par groupe linguistique durant une heure au début ou en fin de journée. La réunion est présidée par un évêque élu “président de la conférence”, comme ce fut le cas avec le cardinal de Kesel depuis quelques années jusqu’à l’ordination de mgr Terliden. Ce dernier ne sera d’ailleurs pas nécessairement le nouveau président.
Le secrétaire général coordonne et facilite les activités de la conférence épiscopale. Il organise et coordonne les réunions régulières des évêques où ils discutent des questions pastorales, liturgiques, administratives et sociales pertinentes pour l'Église catholique de Belgique, parfois en lien avec les autorités des diverses entités fédérales ou régionales. Le secrétaire général est responsable de la communication avec les médias, les autorités civiles et d'autres organisations religieuses au nom des évêques. Il supervise les activités administratives de la conférence épiscopale, y compris la tenue de registres, la gestion financière et la mise en œuvre des décisions prises lors des réunions épiscopales. Il entretient généralement les relations avec le Saint-Siège (le siège de l'Église catholique à Rome) et veille à ce que les directives et les enseignements de l'Église soient correctement transmis et mis en œuvre en Belgique.
A la tête des services interdiocésains situés rue Guimard à Bruxelles et composés d’une quarantaine de collaborateurs, il offre un soutien logistique et administratif aux évêques dans l'exercice de leur ministère pastoral et veille à ce que les décisions prises par la conférence épiscopale soient mises en pratique au niveau local. Bref, le travail ne manque pas.
Durant sa jeunesse, deux éléments l’ont marqué. D’une part, à l’âge de 14 ans, son père reçoit un cadeau pour ses 50 ans: deux places pour passer un week-end en abbaye. Il y invite son fils Bruno dans une aventure père-fils. Bruno est touché par l’atmosphère, le silence, les chants et la rencontre de Dieu. D’autre part, après ses humanités à l’âge de 18 ans, il passe une année en Bolivie avant d’entamer des études de théologies qu’il complètera par un MBA à la Vlerick Business School, ce qui rassure son père, actif dans le monde industriel.
La personne qui l’inspire est le jésuite belge Égide Van Broeckhoven, né le 22 décembre 1933 à Anvers et décédé d’un accident de travail à 34 ans à peine à Anderlecht. Prêtre ouvrier, il est surtout connu pour son journal intime « d'un jésuite en usine » qui révèle l’âme d’un mystique. Le père Égide donne son nom à une nouvelle école secondaire au cœur de Molenbeek depuis septembre 2023 qui proposera des filières “Science, technologie, ingénierie et mathématiques” et “Soins, société et bien-être”, avec des cours d’enseignement de transition ou pour axés sur le marché du travail.
Bruno Spriet a été inspiré par le documentaire “Nothing Compares”, qui raconte la vie de la chanteuse Sinéad O’Connor décédée cet été. Sans s’attarder sur les drames vécus par l’artiste irlandaise, le film tente de faire le portrait d’une femme qui a toujours pris position et dérangé, en particulier en dénonçant certains abus dans l’Eglise catholique.
Il a apprécié la lecture du livre autobiographique du tchèque Tomáš Halík. Prêtre catholique ordonné clandestinement sous le communisme, sociologue des religions, activiste politique, il a été lauréat, en 2014, du prix Templeton « pour avoir défendu le dialogue entre croyants et athées et avoir aidé au développement de la liberté de culte dans la Tchécoslovaquie durant la Normalisation ». Bref, il a défendu la synodalité.
Le lieu qui l’inspire est Santiago de Compostella qu’il a déjà rejoint deux fois à pied. D’abord à travers l’Espagne puis à travers la route portugaise. Il a apprécié la marche, la contemplation, la prière et le ralentissement de sa vie. Il cite volontiers les fruits de l’Esprit comme parole d’inspiration, tirés de la lettre de saint Paul aux Galates (5,22) : “Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi.”
Ecoutez le podcast pour comprendre pourquoi il a accepté ce défi à l‘âge de 36 ans, pour entendre ses espoirs pour l’Eglise catholique ou pour en savoir plus sur son parcours professionnel.
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