A Calais, presque 5 années sont passées depuis le démantèlement de la "jungle". Si la ville reste synonyme pour beaucoup de crise migratoire, la municipalité tente de renouer avec son passé balnéaire. Un défi quand Calais représente la seule porte vers le rêve de nombreux exilés: l'Angleterre.
Depuis le démantèlement du camp de la Lande, appelé aussi « la jungle » en 2016, la politique menée à Calais consiste à éviter tout point de fixation. La stratégie semble fonctionner puisqu’ils seraient passés de 10 000 exilés en 2016 à 2000 aujourd’hui selon les associations. Une stratégie d’épuisement selon Juliette Delaplace, chargée de mission "Migrants" pour le Secours Catholique. « A Calais, il y a encore des personnes qui doivent marcher 4 km pour accéder à l’eau. Les expulsions, les violences policières, la destruction de matériel sont telles que les personnes n’ont plus envie de prendre la parole et de témoigner parce que le risque de représailles est trop grand ».
Si les exilés sont moins nombreux à Calais, ils ne le sont pas moins pour autant à vouloir rejoindre l’Angleterre. Selon Adrien Boussemart, journaliste à La Voix du Nord dédié aux questions migratoires, seuls les plus pauvres tentent la traversée depuis Calais, « à bord de bateaux gonflables achetés à plusieurs chez Gifi ». Les exilés ayant plus de moyens payent des passeurs « qui ne sont pas à Calais, mais à Paris, Lille, en Belgique ou aux Pays Bas ».
Brigitte Lips est calaisienne. Surnommée "Mamie portable", la retraitée recharge les batteries des téléphones portables dans son garage. Devant chez elle, la fille d’attente atteint parfois jusqu’à 40 personnes. En plus de recharger les batteries - dans tous les sens du terme - les exilés peuvent aussi se confier et témoigner de leurs conditions de vie. Pour elle, la situation ne devrait pas s’arranger. « Dans leur pays, on ne leur dit pas quelle est la situation ici, et ils ne disent pas ce qu’ils vivent en France. »
L’an passé, plus de 9 500 traversées ou tentatives de traversée ont été recensées, selon un bilan de la préfecture maritime. Six personnes y ont trouvé la mort et trois ont disparu.
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