La campagne de vaccination contre la grippe débute ce mardi. Elle pourrait être utile pour mieux appréhender l'épidémie de Covid-19.
C'est le début de la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière qui touche chaque hiver entre 2 et 6 millions de personnes. Et cette année, la vaccination est particulièrement recommandée pour certaines personnes, étant donné que de nombreux symptômes sont communs à la Covid-19. Cette campagne débute alors que la France fait désormais face à la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus, selon le Premier ministre, Jean Castex. L’objectif est donc d’éviter une double épidémie et de saturer, plus qu’ils ne le sont déjà, les services hospitaliers.
Il est impossible de faire la différence entre grippe et coronavirus, sans passer par la case test. "Cliniquement ça va être très compliqué puisqu’un nombre très important de signes de la grippe sont exactement les mêmes chez les patients qui ont la Covid-19", explique le virologue Bruno Lina, membre du Conseil scientifique. Pour être sûr, soit il faut se faire dépister, soit s’appuyer sur les données épidémiologiques. En ce moment, si vous avez ce type de symptômes, vous n’avez pas la grippe puisqu’elle ne circule pas.
Pour cet hiver, difficile de savoir à quoi s’attendre. "Si on regarde ce qu’il s’est passé cet été dans l’hémisphère sud, l'hiver austral, aucune épidémie de grippe n'a été notée ce qui peut s'expliquer par les mesures barrières et aussi peut-être que la grippe s'éteint face au Covid-19", analyse Vincent Enouf, responsable adjoint du centre national de référence virus des infections respiratoires de l’Institut Pasteur.
Si ce scénario se reproduisait pour l’hémisphère nord, cela permettrait des diagnostics plus rapides. Si vous avez des symptômes proches d’un état grippal et que vous êtes vacciné, on pourra supposer que vous êtes contaminé par le Sras-cov 2 et ainsi vous mettre à l’isolement très rapidement, avant d’en obtenir confirmation.
Il pourrait aussi être intéressant par exemple que les laboratoires cherchent autre chose que la Covid-19 dans les tests effectués auprès de la population, comme le virus grippal et la bronchiolite. Ce qui permettrait selon Vincent Enouf de savoir quel virus circule à quel moment: "Imaginons que la Covid-19 devienne le virus majoritaire, au lieu d'aller faire des tests, il faut rentrer chez soi et s'isoler pendant 10 jours".
Il faut d’abord en priorité que soient vaccinées les personnes à risque. C’est-à-dire des personnes âgées de 65 ans et plus, les personnes souffrant de maladies chroniques, les femmes enceintes et les personnes souffrant d'obésité. ce qui représente 16 millions de personnes. "Il va y avoir une séquence dans la campagne de vaccination qui dira d’abord on vaccine les plus fragiles et ensuite on vaccinera tous ceux qui veulent se faire vacciner", assure le virologue Bruno Lina, membre du Conseil scientifique.
Dans une lettre datée du 20 août et adressée à l'Ordre national des pharmaciens, la Direction générale de la santé demande aux officines de réserver les vaccins contre la grippe aux seules populations à risque, a minima jusqu'au 30 novembre. Un message diversement accueilli par les pharmaciens, certains estimant qu’il n’est pas possible de refuser de vendre. "On ne va pas refuser de vendre un vaccin à une personne qui peut être aussi proche d’une personne sensible. On reste sur une approche intelligente, on ne va pas vendre 10 doses à une seule personne", explique Audrey Chataignier, pharmacienne à Aighuile en Haute-Loire.
Reste à savoir si les laboratoires arriveront à suivre. Pour la première fois, en plus des commandes des officines, le gouvernement a commandé 30% de doses supplémentaires de doses de vaccins. Sanofi-Pasteur, numéro un mondial du vaccin anti-grippe, qui n’a pas donné suite à nos sollicitations, a augmenté ses capacités de production de 20%.
Il y a encore du travail de pédagogie à faire. Pour la saison 2019-2020, seules 45% des Francais s’étaient fait vacciner, dont à peine plus de la moitié des plus de 65 ans (52 %), et moins d’un tiers des moins de 65 ans souffrant d’une affection longue durée (31%).
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !