Ah, le canard, quel mot magnifique dans son histoire et dans ses différents sens. Et je ne savais pas si vous le savez, mais dans mon enfance et adolescence, j’étais un spécialiste des canards, j’y excellais…
Je ne fus pas spécialiste des « oiseaux aquatiques palmipèdes de la famille de Anatidés, à bec jaune et large, à pattes courtes, et don la chair est estimée ». Non je ne suis pas spécialiste de ce canard-là, tel que le définit le Dictionnaire de l’Académie française que je viens de lire. Mais, en revanche, comme mes parents m’avaient inscrit au conservatoire et m’avait fait apprendre la clarinette, et que ladite clarinette a un bec constitué d’une anche en roseau qui, si elle n’est pas bien pincée avec les lèvres peut entraîner un raté du son, eh bien cette « fausse note », ce « son discordant » qui perce quand on joue mal est appelé un canard.
Par assimilation au cri du canard, le canard au passage, caquetant, nasillant, nasillonnant, ou cancanant. C’est certain que dans un morceau où vous êtes accompagné par le piano, à l’examen de fin d’année, deux ou trois canards ça vous plombe une carrière de musicien. Voilà pourquoi j’ai préféré la guitare, pas de canards à la guitare…
En français, c’est d’abord le mot quanard, q u a n a r d, qui est attesté pour la première fois en 1190, et ce fut d’abord un surnom masculin, un sobriquet donné à un homme bavard, caqueteur en somme.
Ce sobriquet venait sans doute d’un verbe onomatopéique en ancien français, caner, qui signifiait caqueter, le suffixe « ard » étant sans doute issu du premier mot en fait utilisé pour le canard, le « malard », a r d. Ce n’est qu’en 1487 qu’on désigna par canard l’animal domestique, le canard sauvage mâle, restant souvent le malard, mot encore en usage particulièrement en Normandie. Ainsi, d’un sobriquet désignant un homme caquetant, canant en ancien français, le canard, et du malard naissait le nom de ce palmipède au bec jaune.
Eh bien, laissons de côté les légendes et rappelons que « bailler un canard », vers 1750, c’était lancer une fausse nouvelle par la presse, avec pour origine tout de même le fait de cancaner, d’où un journal de peu de valeur… Bien maintenant, Stéphanie, il est temps que je vous joue de la clarinette… Ah, vous ne le souhaitez pas ? Vous n’aimez pas mes canards ?
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