La proclamation de la République catalane vendredi 27 octobre a déclenché une vague de contestation dimanche dernier. L’équilibre de la région est incertain, voire menacé. Pour l’historien spécialiste de l’Espagne Christophe Barret, une réaction de la communauté internationale est à espérer.
Les manifestations du 29 octobre ont rassemblé entre 300 000 et un million de Catalans pour exprimer leur mécontentement et leur attachement à l'Espagne. Une mobilisation qui pourrait laisser présager le pire dans les jours à venir, selon Christophe Barret.
Concrètement, les mesures suivant la déclaration de la République indépendante en Catalogne n'ont pas encore été appliquées. Le chantier est de taille: il faut prévoir la distribution de papiers actualisant le statut des citoyens catalans, la création d'une banque centrale, et l'adaptation du droit espagnol. Tant que ces motions ne seront pas en place, difficile d'imaginer la réalité de ce nouvel Etat. D'autant plus qu' "il n'y a pas de reconnaissance internationale", comme le souligne Christophe Barret. "Cette République auto-proclamée est donc assez virtuelle et invisible."
A cet échec diplomatique, s'ajoute l'échec économique. Alors qu'elles représentent 40 % du PIB catalan, les entreprises implantées en Catalogne ont annoncé la délocalisation de leur siège social, "une délocalisation plus symbolique que réelle", analyse l'historien. "Mais ces deux échecs sont deux épines dans le pied des indépendantistes."
Christophe Barret rappelle que le mouvement indépendantiste a été porté par un récit national fort, "beaucoup d’égoïsme économique et un mépris pour le reste de l’Espagne, comme l’Allemagne envers les Grecs." La situation en Catalogne aurait donc de quoi intéresser la communauté européenne.
"On ne sait pas comment cela peut s’arranger. Il faut une médiation." Médiateur en titre, le roi d'Espagne s'est peu exprimé pour le moment. Christophe Barret espère des "négociations européennes" qui pourraient être entamées. "On peut le souhaiter en tout cas."
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