Le 7 janvier 2015, Catherine Meurisse a eu du mal à se lever. Conséquence de cela, elle est arrivée en retard à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo. Elle a ainsi pu éviter le massacre perpétré par les frères Kouachi dans la rédaction du journal satirique, dans le quartier de La Bastille à Paris. Elle revient sur cette histoire dans un album appelé "La légèreté" (éd. Dargaud), où elle cherchait à retrouver le goût de vivre à travers l’art et la beauté.
Elle revient aujourd’hui avec un nouvel album intitulé "Les grandes espaces", où elle nous plonge dans son enfance. Retrouver la nature et le cocon familial. Une histoire drôle, poétique et profonde. L’illustration de ce que fait Catherine Meurisse depuis deux ans. Elle a quitté le dessin de presse, et travaille pour des choses plus personnelles.
Dans cet album, le portrait qu’elle fait de la campagne et du milieu rural n’est pas des plus idylliques. "On est vraiment marqué par les paysages de notre enfance. Le paysage de mon enfance, c’est une vieille maison retapée, un jardin que j’ai vu évoluer, et en-dehors de ce jardin, il y a une campagne pas toujours bien traitée avec cette manie du remembrement. Parfois ça sent un peu la chimie. Cela reste d’actualité" explique Catherine Meurisse.
Dans son précédent album, "La légèreté", on retrouve un psychologue qui encourage l’auteur à retrouver son lieu sûr, son enfance. "C’est une astuce de psy pour atténuer la violence des chocs traumatiques suite à l’attentat. Il fallait repenser à quelque chose de réconfortant. J’avais choisi un chemin creux dans la campagne où j’ai grandi. Je convoquais cette image quand je commençais à paniquer. Et ce lieu sûr est un peu plus déployé dans "Les grands espaces"" lance-t-elle.
Dans ce dernier opus, la dessinatrice rend un bel hommage à ses parents à travers la nature et la littérature. S’en suit ensuite le moment où il faut quitter la campagne et monter à Paris, sur les conseils de Marcel Proust. "Nous arrivons au Louvre, et j’ai l’impression que c’est ma seconde maison. Je suis attiré par les peintures qui représentent la nature. J’ai été absorbé par cette nature représentée par les artistes. C’est ce qui m’a donné envie de dessiner" ajoute Catherine Meurisse.
Cette dernière n'est pas gênée de devoir, encore aujourd'hui, revenir sur son expérience à Charlie Hebdo. "Ce Charlie fera toujours partie de moi. Je dois vivre avec" précise-t-elle. Mais alors que le 7 janvier 2015, Catherine Meurisse n'avait pas réussi à se lever, aujourd'hui, une chose est claire pour elle. "Je me lève pour dessiner" conclut-elle.
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