"Ce n'est pas le traité de l'Elysée qui fait la relation franco-allemande" pour Florence Autret

Emission réalisée en duplex depuis RCF Bruxelles

Angela Merkel était à l’Élysée en fin de semaine dernière, pour rencontrer Emmanuel Macron. On sait le lien personnel qui unissait le général de Gaulle et le chancelier Adenauer il y a 55 ans. Loin d’être personnelle, la relation entre Emmanuel Macron et la chancelière allemande est tout de même assez chaleureuse. "Cela n’a rien à voir en terme d’intensité mais c’est une relation de confiance. Emmanuel Macron représente un peu ce que les Allemands attendaient, quelqu’un de très européen et une personnalité plutôt libérale sur le plan économique" rappelle Florence Autret, auteur d’une biographie intitulée "Angela Merkel, une Allemande (presque) comme les autres"  (éd. Tallandier).
 

"Une confiance et une estime réciproque" entre Angela Merkel et Emmanuel Macron

Avant de rechercher des points communs entre les deux dirigeants, Florence Autret explique les points qui les éloignent. Leur âge, tout d’abord. "Clairement, quand on les voit côte à côte, on voit d’un côté une chancelière proche de la fin de sa carrière alors que lui arrive et cette énergie qu’il a est vraiment très frappante. Après il y a une confiance et une estime réciproque. Mais on ne peut pas dire qu’il y ait des choses très semblables dans leur parcours ou leur personnalité. Ce qui est sûr, c’est qu’Emmanuel Macron fait preuve d’un certain tact avec elle" ajoute cette spécialiste d’Angela Merkel.

On célèbre aujourd’hui les 55 ans du traité d’amitié franco-allemand, le fameux traité de l’Élysée signé entre de Gaulle et Adenauer. "Il faudrait se demander ce qu’il se passerait si on ne le fêtait pas. Si on le faisait pas, cela serait interprété de manière négative. On n’a pas le choix. Le traité de l’Élysée est un tel évènement historique, il y a une telle charge symbolique, on ne peut pas ne pas le fêter" lance Florence Autret.
 

"C'est l'intégration européenne qui fait la relation franco-allemande"

Cette dernière ajoute que "ce qui est amusant, c’est qu’à l’époque ce traité était totalement bilatéral. Les Français ne voulaient pas que l’on parle dedans des institutions multilatérales, des communautés européennes, de l’Otan. Les Allemands ont insisté pour qu’on les cite dans le traité. Je trouve que c’est très représentatif du malentendu qu’il y a eu souvent entre la France et l’Allemagne. Aujourd’hui, ce n’est pas le traité de l’Élysée qui fait l’Europe et la relation franco-allemande. Ce qui fait la relation franco-allemande, c’est l’intégration européenne et le travail qui se fait à Bruxelles".

Sans être capital pour la construction européenne, le traité de l’Élysée et sa célébration sont un cadre symbolique, dans lequel on place la recherche de points d’accord entre la France et l’Allemagne sur de nombreux sujets. D’autant que plus que même si Angela Merkel et Emmanuel Macron sont tous les deux pour faire progresser le projet européen, "les différences franco-allemandes persistent" rappelle Florence Autret.