Bretagne
Une nouvelle page de l'histoire de la Syrie s'ouvre. Le pouvoir de Bachar al-Assad s'est effondré ce dimanche face à une offensive fulgurante de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux. Marwane Zeini, 77 ans, a quitté la Syrie dans les années 70 et s'est installé dans le Finistère à Locmaria-Plouzané.
Une journée qui ressemble à la fin d'un mauvais rêve. "Je n'y croyais pas", explique Marwane Zeini, 77 ans. Originaire de Homs, épicentre de la guerre civile syrienne, Marwane a quitté la Syrie en 1969, juste avant que le père de Bachar al-Assad ne devienne Premier Ministre. Il est aujourd'hui installé à Locmaria-Plouzané dans le Finistère.
Le septuagénaire a suivi de très près les actualités du pays ces derniers jours, et cette avancée rebelle éclair. Dix jours seulement. Dix jours pendant lesquels les rebelles du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ont pris de court l'armée et se sont emparés des principales villes du pays : Alep, Homs, en terminant par Damas, la capitale, dans la nuit de samedi à dimanche.
"Je me suis réveillé tôt [dimanche matin] car je suivais ce qui se passait sans pour autant m'attendre à cette nouvelle qui va changer le Moyen-Orient", raconte Marwane. "Mon premier sentiment, j'ai du mal à le décrire, c'était comme si un grand poids s'était dégagé de ma poitrine. Je vis pour ce moment-là depuis que je suis parti de Syrie (...) Je vis pour voir cet instant, de voir la liberté du peuple syrien et libanais aussi, car on oublie qu'il a sévit au Liban aussi."
(...) C'était comme si un grand poids s'était dégagé de ma poitrine. Je vis pour ce moment-là depuis que je suis parti de Syrie.
54 ans de régime "sanguinaire", de terreur. "Ce régime était basé sur une famille qui considérait que la Syrie était sa propriété et les Syriens sont pratiquement leurs esclaves" poursuit-il. Cinq décennies qui laisseront des traces, malgré les images de liesse, de Syriens qui défilent dans les rues. Marwane a l'impression que ses proches, restés en Syrie ont pour l'instant encore peur de parler. "Les gens vivaient dans la crainte. C'était tellement difficile de passer du jour au lendemain, on se couche dans une dictature, on se réveille avec le départ du dictateur."
"La fin d'une histoire très sombre pour la Syrie", renchérit Daniel (*), commerçant syrien installé dans le Finistère depuis plus de quinze ans. C'est l'espoir qui renaît, donc, pour les deux hommes, celui d'un "soleil qui va briller de nouveau sur la Syrie" espère Daniel. Avec un point crucial, insistent les deux hommes, celui du choix du drapeau.
"Une nouvelle Syrie, c'est avec un nouveau drapeau. Celui de la première République de Syrie" , poursuit Daniel, faisant référence au drapeau adopté en 1946, date de l'indépendance de la Syrie quand elle a mis fin au mandat français. En opposition au drapeau créé en 1980 sous Hafez al-Assad, père de Bachar. "Le drapeau est un symbole de ce qu'était la Syrie : un État de justice, de droit", poursuit Daniel. Tout ce qu'espèrent donc les deux hommes pour cette nouvelle page de l'histoire de leur pays.
(*) Nom d'emprunt.
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