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Comment comprendre le blocage des universités?

RCF, le 16 avril 2018 - Modifié le 29 février 2024
Le dossier de la rédactionComment comprendre le blocage des universités?

Depuis plusieurs semaines, des étudiants bloquent l'accès à certaines universités. Ils protestent contre les nouvelles modalités d'accès à l'enseignement supérieur.

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Les étudiants pointent du doigt la loi présentée par Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, relative à l'Orientation et à la Réussite des Etudiants (ORE). Elle modifie pour la rentrée de septembre 2018 les conditions d'accès aux études supérieures. Dans les filières à tension, c'est-à-dire là où il y aura plus de demande que d'offre, les dossiers des étudiants seront étudiés. Une forme de sélection que dénonce par exemple Marguerite, étudiante en géographie à l'université Lyon 2, au micro de Jean-Baptiste Bornier de RCF Lyon.
 

Etudiants et enseignants opposés à la loi ORE

Avec ce système, le gouvernement entend tourner la page du tirage au sort, et du système APB. Désormais, les établissements pourront examiner le profil des futurs bacheliers, en s'appuyant sur les dossiers qu'ils déposeront sur la nouvelle plateforme Parcoursup, et vérifier leur adéquation avec les "attendus" de chaque licence, c'est-à-dire les compétences jugées nécessaires pour y réussir. Pour Michel Deneken, le président de l'université de Strasbourg, c'est une manière de faire réussir les élèves.

Aux étudiants se sont également joints les enseignants, qui dénoncent eux-aussi cette loi. Dans une tribune publiée la semaine dernière, un collectif national d'enseignants a déclaré son rejet de toute forme de sélection à l'entrée de l'université. Une loi beaucoup trop élitiste pour eux. 
 

Un mouvement mitigé malgré plusieurs violences

Mais dans la réalité, le mouvement de contestation est relativement peu suivi. Peu de facultés sont réellement bloquées. Selon le dernier décompte du ministère de l'Enseignement supérieur, quatre universités étaient entièrement bloquées ou fermées en fin de semaine dernière : Jean-Jaurès à Toulouse, Paul-Valéry à Montpellier, Rennes II et Paris VIII. Onze autres sites universitaires sont également perturbés. 

Des lieux où des actes de violence se sont produits. En provenance de l'extrême-gauche, toujours omniprésente dans les mouvements étudiants, mais aussi de l'extrême-droite. C'est ce qu'analyse Rémi Bourguignon, maître de conférences à l'IAE Paris-Sorbonne et chercheur associé au Cevipof, il est spécialiste du dialogue social.
 

"Pas d'examens en chocolat"

Se pose désormais la question des examens. À l'université Paul-Valéry de Montpellier, des examens dématérialisés ont été mis en place la semaine dernière. Mais ils ont dû être suspendus après un sabotage. Dans d'autres universités, les étudiants ont par exemple choisi de boycotter les partiels, et dans d'autres encore, ces derniers ont été annulés.

Mais Emmanuel Macron a prévenu la semaine dernière lors de son intervention télévisée au JT de 13h. En s'adressant notamment à ceux qui avaient demandé d'obtenir la moyenne automatiquement aux examens ! Il n'y aura pas "d'examens en chocolat". De son côté, Michel Deneken, président de l'université de Strasbourg, dénonce la dictature d'un petit nombre. Car pour lui, le blocage d'une université ne doit pas empêcher l'ascenseur social de fonctionner. 

Sur le long terme, il n'est pas certain que ce mouvement puisse durer. D'une part, avec l'échéance des partiels qui approche, les étudiants risquent d'avoir peur de rater leur année et vont donc retourner en cours. Et puis comme on a pu l'entendre, le président s'est montré très ferme. Il n'y aura pas de passe-droit. Et surtout il n'y a aucun dialogue possible entre le gouvernement et les étudiants, comme le rappelle Rémi Bourguignon, spécialiste du dialogue social.

 

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