Depuis la pandémie de 2020, la question se pose dans l’esprit de beaucoup de Français : pour quoi se lever chaque matin ? Cette question, Arthur Lochmann se l’est posée il y a des années déjà. Il était vendredi, en Savoie, pour partager son expérience avec les élèves du lycée professionnel du Nivolet.
La vie d’Arthur Lochmann semblait toute tracée. Après son bac, il se lance dans des études de droit et de philosophie, un cursus qu’il va finalement abandonner, sur un coup de tête. “Je ne comprenais plus trop quel était l’horizon, ce que j'allais pouvoir faire de ses études” confie-t-il.
Rapidement, par hasard ou par appel, il rejoint Anglet, au Pays Basque, où il se forme à la charpente.
De ce revirement de situation est né un livre “La vie solide : la charpente comme éthique du faire”. Un ouvrage qui questionne la transmission, l'humilité, l’apprentissage ou le geste comme vecteurs de sens.
“Il y a plusieurs types de sens, il y a le sens que l'on trouve à travers des textes, des histoires, des mythologies” explique Arthur Lochmann. “Mais il y a aussi le sens que l’on éprouve quand on se trouve sur un chantier et qu’il y a une forme de beauté, de plaisir, à travailler”. Un sens qui s’expérimente, plutôt que de se penser et a permis à l’artisan de trouver son équilibre.
Cette expérience, Arthur Lochmann est venu la partager avec les élèves de la filière bois du lycée du Nivolet, à la Ravoire. Comme lui, ils ont choisi le concret, le réel, le rapport aux éléments naturels, comme voie professionnelle. S’il y a quelques années en arrière, ces sections étaient encore perçues comme des seconds choix, il n’en est plus rien !
"Aujourd’hui ce que l’on voit, c’est qu’il y a des parcours de plus en plus fluide, avec des reconversions en milieu de carrière” commente Arthur Lochmann, qui ne s’étonne pas de l’attrait des métiers de l'artisanat. “Le sentiment de responsabilité à l’égard de son propre travail se perd, parce que l’on travaille dans des très grandes entreprises (...) parce que l’on produit des objets, des présentations, des documents dont on ne voit plus trop l’intérêt ! Et donc je crois que dans ce contexte, il y a un regain d'intérêt pour des métiers où l’on éprouve, même physiquement, son travail”.
Un constat partagé par la grande majorité des Français. En 2022, le baromètre Elabe pour l’Unedic mettait en lumière que 58 % des actifs en emploi songeaient à la reconversion professionnelle. D’après une enquête BVA sur le sujet, la “perte de sens” est le principal facteur de cette envie de changement.
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