Quelle est la place de l’Eglise dans la vie politique ? Quels critères un chrétien doit-il prendre en compte une fois face à l’isoloir ? Pour Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, c’est un devoir pour le chrétien de s’engager en politique, mais il faut faire attention à ne pas réduire cet engagement à un vote.
Quelle est la place des chrétiens dans la vie politique ? Comment discerner et voter en tant que catholique ? Il ne reste que 26 jours avant le premier tour des élections présidentielles. Alors que l’heure de l’isoloir approche, il est légitime de se demander comment poser, en tant que chrétien, un choix qui soit en accord avec l’enseignement de l’Eglise. Invité hier soir sur notre antenne, Monseigneur Dominique Rey, nous en apprend plus sur le positionnement de l’Eglise et des chrétiens dans la vie de la cité.
Prendre part au débat démocratique, devoir du chrétien ?
« Mon royaume n’est pas de ce monde » Jean 18,36. Doit-on vraiment prendre part à la vie politique en tant que chrétiens alors qu’un autre royaume nous a été annoncé ? Pour Monseigneur Dominique Rey, le débat n’est pas là, « c’est un devoir pour le chrétien de prendre part au débat démocratique ». En effet, le chrétien doit être un membre de la société à part entière, être dans le monde, même s’il n’est pas du monde.
« On ne peut pas s’abstraire du bien commun de la société qui passe par nos engagements dans la vie civique, associative et aussi démocratique » poursuit l’Evêque du diocèse de Fréjus-Toulon. Le vote étant un devoir du citoyen, il fait partie de la vie politique et le chrétien n’a pas à s’y soustraire, il doit participer à la vie publique pour le bien commun.
La place de l’Eglise en politique
L’Eglise encourage par ailleurs les chrétiens à s’engager pleinement dans la vie de la cité. Cependant, elle ne désigne pas de candidat à suivre et souhaite laisser les chrétiens libres en conscience de faire leurs choix. « Ce n’est pas le rôle de l’Eglise de prendre position pour un candidat, c’est le rôle des chrétiens » affirme Monseigneur Rey.
Si certains accusent l’Eglise de trop se prononcer sur la politique, d’autres lui reprochent une certaine tiédeur. Pour l’évêque de Fréjus-Toulon, l’Eglise est justement à sa place dans ce débat. « Il me semble que l’Eglise, pour ne pas perdre sa liberté, doit se situer d’abord dans une relecture au-dessus des débats politiciens. »
Cependant, il continue en affirmant : « L’Eglise fait de la Politique ! Elle a cette responsabilité de ne pas quitter le monde mais l’habiter et de l’animer de l’intérieur. Seulement, pour rester libre, elle ne prend pas parti, elle prend un regard transcendant sur les choses politiques et invite les chrétiens à faire leurs choix librement, en conscience. »
Pour guider ses membres sur cette voie, l’Eglise donne alors des points de références qui ont pour but de rappeler les priorités que les chrétiens doivent avoir sur la vie de la cité. Cette année, c’est dans une lettre intitulée « L’espérance ne déçoit pas » que la conférence des évêques de France s’est prononcée à ce sujet. « Cette lettre donne des points de références, de réflexion et de discussion qui sont pour nous des points essentiels qui structurent le présent et l’avenir de notre société. »
Le rôle du chrétien en politique
Si le vote est une action politique importante pour les chrétiens, elle ne fait pas non plus toute la vie politique. « Il ne faut pas circonscrire l’engagement politique aux élections, c’est là qu’il y a une responsabilité des chrétiens pour que comme chrétiens engagés en politique, ils puissent en dehors des élections, prendre des engagements divers et variés dans le monde politique et associatif. »
Monseigneur Dominique Rey insiste alors sur l’importance d’un engagement fort de la part des chrétiens. « Je pense que l’Église est amenée à prendre de la hauteur, je fais la distinction entre la position de l’Eglise et l’implication des chrétiens. L’Eglise comme institution ne peut pas prendre des dispositions de consignes de vote, par contre, les chrétiens doivent s’engager. Pie XI désignait d’ailleurs la politique comme la forme éminente de la charité. »
Conseils pour voter
Quand vient le moment de rentrer dans l’isoloir, le chrétien doit poser un choix libre. Cependant, il est important qu’il garde en tête des repères fondamentaux. Monseigneur Rey les résume en trois points : « Garder en tête des repères anthropologiques contre l’instrumentalisation de l’humain qui se développe de plus en plus avec l’avortement ou l’euthanasie. Le respect de l’altérité, du relationnel et de la vulnérabilité dans une société parfois éclatée. La promotion d’un bien commun qui transcende les intérêts particuliers et qui favorise un vrai dialogue social. »
Le choix du vote peut tout de même être complexe lorsqu’aucun candidat ne répond à toutes les attentes définies par l’Eglise. « On voudrait l’homme politique parfait » explique Monseigneur Rey. Faute d’un nouveau Saint Louis, les électeurs doivent donc bien souvent voter par défaut. « Nous devons nous contraindre à une hiérarchisation afin de ne pas trop offenser ces repères fondamentaux. Il faut alors opter pour un moindre mal. »
Revenez en haut de cette page pour écouter la version audio de cet entretien avec Mgr Dominique Rey.
Pour aller plus loin, écoutez également l'interview de Giulio de Ligio, maitre de conférence en philosophie politique à l'UCO, autre intervenant de cette soirée « Présidentielle 2022 : Les catholiques face à leurs choix » organisée par RCF Anjou et l'Université catholique de l'Ouest.
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