L’inégalité des conditions de vie éclate au grand jour avec le confinement. Elle apparaît manifeste avec les logements. Ce n’est pas pareil d’être seul dans une minuscule chambre de bonne ou entassé avec des jeunes enfants dans un petit appartement de région parisienne que d’être confiné dans une maison avec un jardin ou de pouvoir se mettre au vert dans sa résidence secondaire.
Autre inégalité : celle des conditions de travail. Bien sûr le télétravail s’est largement organisé mais il y a tous ceux qui ne peuvent pas en bénéficier. Je pense à vous Stéphanie, même si vous faites un métier formidable que vous aimez. Et je pense aussi à tous ceux et celles qui exercent des professions indispensables au fonctionnement de la société. On l’a beaucoup dit : merci aux soignants et au personnel de service des hôpitaux et des EHPAD. Merci aussi aux postiers qui continuent leurs tournées, aux chauffeurs de camion qui acheminent les colis, aux employés des services de vente par correspondance, aux caissiers et caissières des grandes surfaces, aux personnes qui nettoient les immeubles, aux éboueurs qui permettent à nos villes de rester propres.
La réalité saute aux yeux. Le travail qui ne peut se délocaliser est souvent un travail peu considéré, qui agit sur le corps humain ou sur la matière. On ne fait pas un paquet à distance ni une livraison. Ce sont des métiers qui sont exposés à la contagion virale : on le sait pour les soignants, mais cela est vrai pour une femme de ménage qui travaille chez des particuliers.
Certains ne s’en rendent pas compte et ont continué à faire venir chez eux leur employée de maison ou à confier leurs enfants à une nounou alors qu’ils télétravaillent de chez eux.
On redécouvre que tous ces métiers sont essentiels à notre vie commune. Mais prend-on assez garde que pour beaucoup de ces personnes qui rentrent chez elles le soir, à l’issue d’un long temps de transport, c’est double peine : elles retrouvent un espace exigu où elles seront confinées.
Alors, quand cette crise sera finie, il faudra se rappeler que les inégalités ne sont pas que financières. Elles sont aussi de l’ordre des conditions de vie. Et encore je n’ai pas parlé des plus fragiles, des SDF. Car pour eux, plus que jamais, la survie ne tient qu’à un fil.
Prenons soin de nous, mais n’oublions pas de nous souvenir de tout ça dans quelques semaines. Peut-être pourrions-nous chacun noter quelque part tout ce qui nous a apparu clocher dans notre société. Pour ne pas oublier ceux qui ont travaillé pour nous. Et ne pas oublier qu’il faut changer notre modèle social.
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