"Dans un monde rationnel et sérieux, à quelques jours de l'ouverture de la COP26, on ne devrait parler que de ça partout, tout le temps. Mais nous ne vivons pas dans un monde rationnel et sérieux" estime François Mandil. Mais pour lui, "il est faux de dire que tout est foutu, que c'est trop tard".
Dans un monde rationnel et sérieux, à quelques jours de l'ouverture de la COP 26, on ne devrait parler que de ça partout, tout le temps. Tous les journaux télévisés devraient s'ouvrir sur le sujet. On ne devrait parler que de ça en classe, à l'université. Tous les débats politiques devraient tourner autour du réchauffement climatique. Si nous étions dans une campagne électorale présidentielle digne et sérieuse, on ne serait pas en train de se demander si un raciste condamné par la justice sera candidat ou pas mais on serait en train d'analyser les propositions de chaque candidat et candidate pour lutter contre le réchauffement.
Mais nous ne vivons pas dans un monde rationnel et sérieux.
En août dernier, le GIEC, des scientifiques indépendants de tous les pays, ont sorti leur dernier rapport. Il n'y a aucun doute sur la réalité des réchauffements, les scientifiques sont parfaitement unanimes. 100% du réchauffement climatique est dû aux activités humaines, il n'y a plus aucun doute. Dans leurs prévisions, tous les scénarios prévoient que la planète connaîtra un réchauffement de minimum 1,5°C. Nous ne pourrons pas y échapper. Ce à quoi nous pouvons échapper, c'est l'emballement. Il faut lire ce rapport, au moins le résumé pour les décideurs que le GIEC a produit.
Imaginez une baignoire qui est en train de se remplir. Elle commence même à déborder. Imaginez même que le flux d'eau arrivant dans la baignoire augmente constamment. Votre premier réflexe devrait être de couper totalement l'arrivée d'eau. Pour le climat, c'est pareil, notre premier réflexe devrait être de couper immédiatement les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, pendant des années, on s'est contenté de fixer des objectifs visant juste à ce que les émissions augmentent moins vite. C'est comme si on espérait que la baignoire n'allait pas déborder si on ralentissait un peu l'arrivée d'eau.
La difficulté, c'est que chacun ne contrôle qu'une petite partie du robinet qui remplit la baignoire. C’est bien pour cela qu'il faut des conférences mondiales comme le GIEC. La France comme tous les pays riches, fait partie des plus gros responsables du réchauffement climatique.
Pour limiter le réchauffement, il faudra des actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous savons que si nous atteignons la neutralité carbone, le réchauffement climatique devrait s’arrêter, même si certains changements sont irréversibles et avec des effets qui dureront encore des millénaires.
Il est faux de dire que tout est foutu, que c'est trop tard. Nous avons encore la possibilité de limiter le réchauffement à +1,5, mais cela nécessite un changement de vie radical. Récemment, la justice française a reconnu que l’inaction climatique de l’État est illégale, que c’est une faute qui engage sa responsabilité. C'est une excellente nouvelle et un pas décisif, obtenu grâce à une forte mobilisation citoyenne. Mais nous ne pouvons pas tout attendre de l’État. Ce sont nous, citoyens et citoyennes, qui choisissons nos responsables politiques. Nous avons le pouvoir de faire pression sur les multinationales, nous avons le pouvoir de résister ou pas à l'agression publicitaire
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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