"On dit souvent que la mondialisation c’est la contraction du temps et de l’espace. En moins de trois mois, le monde a complètement changé. C’est un monde ouvert, globalisé où tout le monde pouvait aller partout. Et d’un coup, ce monde en mouvement s’est complètement bloqué. Le monde entier a eu peur de la même chose, du même virus : l’ennemi commun. On s’est retrouvé avec quatre milliards de personnes confinées, qui ne pouvaient pas sortir de chez elles, alors que le mouvement semblait être l’incarnation de ce monde" explique à ce sujet sur RCF Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, auteur de "Géopolitique du Covid-19" (éd. Eyrolles).
Le coronavirus aura eu, parmi ses nombreuses conséquences, l’effet d’amplificateur de problèmes déjà préexistants. "Il a amplifié des tendances déjà observées et il les a cristallisées. Il les a rendues presque irréversibles. C’est le cas de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, qui existait déjà, mais qui est apparue de façon éclatante pendant la crise, et qui va devenir le facteur stratégique le plus important au cours des vingt prochaines années" ajoute le spécialiste des relations internationales.
Cette Chine qui après avoir accusé le coup du virus veut aujourd’hui reprendre la main sur sa politique internationale, et intérieure, avec notamment l’exemple de Hong Kong. "Le problème de Hong Kong existait déjà avant le Covid-19. Il est venu gâcher les célébrations du 70ème anniversaire de l’arrivée au pouvoir du parti communiste. On s’est aperçu que la crise en Chine pouvait avoir des conséquences énormes sur l’économie mondiale. Rapidement, elle a repris son chemin. Elle souffre, mais elle va continuer à rattraper les Etats-Unis car les autres pays vont encore plus souffrir de la crise du Covid-19 que la Chine" lance-t-il.
Outre-Atlantique "depuis que Donald Trump est arrivé au pouvoir, il s’attaque aux institutions internationales avec son multilatéralisme. Le multilatéralisme a été victime du Covid-19. Si le multilatéralisme était plus imprégné, sans doute que la pandémie se serait moins répandue dans le monde. Le chacun pour soi pour faire face aux grands problèmes du monde. Après s’être retiré de l’Unesco, de l’accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump se retire de l’OMS. Mais c’est un prétexte" rappelle Pascal Boniface.
Côté européen, plus encore qu’en 2008 lors de la dernière crise, l’Europe joue sa survie aujourd’hui avec ses plans de relance. "Dans un premier temps, l’Europe a réagi de façon dispersée, c’était chacun pour soi. Heureusement, il y a eu un sursaut avec le plan Macron-Merkel de relance, l’action de la BCE, l’action de la Commission européenne, et on peut espérer que cette crise puisse constituer un sursaut dans la construction européenne" conclut le directeur de l'IRIS.
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