Ils devraient poser le pied sur le sol français ce vendredi 31 janvier. 200 premiers Français seront rapatriés de Wuhan, en Chine. Foyer de l’épidémie de coronavirus, cette ville est confinée depuis une semaine.
Cela n’a pas empêché l’épidémie de s’étendre à toute la Chine, où l’on recense déjà plus de 7 000 cas et 170 morts, ce jeudi 30 janvier. Le virus s’est exporté dans une vingtaine d’autres pays, dont la France, où cinq cas sont avérés.
Si certains Français ont décidé de quitter la Chine, il n’en est pas question pour l’Angevin Thibault Genaitay. Installé à Shanghai depuis dix ans, ce jeune chef d’entreprise ne veut pas céder à la panique.
« C’est un début d’année un peu spécial », confie-t-il. Depuis quelques jours, Shanghai, mégalopole de 25 millions d’habitants, semble être une ville fantôme. « Les métros sont vides, personne ne bouge, tous les citoyens se terrent chez eux », raconte-t-il.
« Les bus tournent, j’en ai vu quelques-uns passer mais ils étaient aussi très très vides, poursuit-il. Les taxis sont en activité, les chauffeurs indépendants aussi. Il n’y a pas une grosse paralysie, mais les rues sont mortes. »
Beaucoup de lieux publics ont été fermés, pas les supermarchés, qui sont dévalisés. « Il y a des contrôles de température un peu partout, raconte Thibault Genaitay. Si vous rentrez ou que vous sortez d’un bâtiment, on va prendre votre température et noter votre nom. »
« J’ai vu de la sensibilisation en porte-à-porte. Hier on a toqué à notre porte, on nous a distribué des documents, on nous a demandé qui était là et on nous a dit de ne surtout pas sortir. On nous recommande de rester enfermés chez nous. »
Thibault Genaitay a décidé de passer outre, mercredi, pour sortir déjeuner. « Je ne suis pas particulièrement stressé à cette idée, reconnaît-il, mais je fais très attention, parce qu’autant je ne m’inquiète pas pour ma propre santé, je pense qu’une pneumonie, je pourrais m’en remettre, autant je n’ai pas du tout envie de transmettre ce virus à mon bébé de six mois. »
Ce jeune papa prend donc des précautions pour ne pas ramener le virus à la maison. « Je mets des gants pour ouvrir les portes ou déplacer des objets, un masque tout du long, et je me nettoie les mains plusieurs fois pendant le trajet, décrit-il. Bref, rien d’exceptionnel ! »
« Je pense que ce sont les mêmes mesures que vous prendriez en cas d’épidémie de grippe en France, relativise-t-il. Sauf que là, on nous a dit que c’était très contagieux, donc on essaie d’être responsable et de faire attention pour ne pas transmettre un virus qu’on pourrait porter sans le savoir. »
Cette semaine, ce sont les vacances du Nouvel an chinois, mais la reprise, lundi 2 février, s’annonce difficile pour ce patron d’une entreprise de formation. « La semaine prochaine, le gouvernement de Shanghai a annoncé que les bureaux devraient être fermés. Certains vont même être mis sous scellé, donc impossible d’aller travailler. »
« Le plus probable, c’est que les équipes restent chez elles une semaine de plus et travaillent à distance, augure-t-il. L’avantage de ce monde surconnecté, c’est que tout le monde peut prendre son ordinateur et travailler de chez lui. La productivité ne sera pas la même, mais on va avancer comme on peut. »
Le revers de la médaille, c’est que les fausses nouvelles se répandent sur internet. « Actuellement, tout ce qui est réseaux sociaux s’enflamme, constate Thibault Genaitay. C’est assez évident, les gens se terrent chez eux et ils ont beaucoup de temps à perdre, du coup ils vont sur les réseaux sociaux, et ils lisent et partagent à peu près tout et n’importe quoi. »
« Je trouve que ça fait paniquer beaucoup de gens, regrette-t-il. Je ne dis pas qu’ils ont tort, c’est bien de prendre les choses au sérieux, mais moi je préfèrerais transmettre un message de calme à tout le monde, en attendant que les choses soient un peu plus claires. »
La ville de Shanghai compte une centaine de cas de coronavirus, dont un mortel, un homme de 80 ans.
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