Les hôpitaux et les médecins doivent s’adapter à la hausse de l’épidémie. En France, la barre des 3000 patients en réanimation a été dépassée ce mercredi. En ce moment, en moyenne, la moitié des lits de réanimation en France sont occupés par des patients malades du Covid-19.
On a souvent opposé le public et le privé. Il semble désormais que les guerres de clocher soient mises de côté. Durant la première vague, les cliniques privées n'avaient pour rôle que de diagnostiquer un patient potentiellement malade du Covid-19 et de l’envoyer se faire tester et prendre en charge dans une structure publique. Aujourd’hui, le secteur privé prend en charge environ 30% en moyenne des patients en réanimation, selon la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP).
Pour son président, Lamine Gharbi, c’est aussi le signe d'une valorisation des praticiens du privé. "Je pense que le privé est méconnu et souffre d'une réputation non-accessible. Cette mobilisation nous permet de réaffirmer nos valeurs de proximité et de qualité", explique-t-il.
Cette coopération devrait donc permettre de soulager les hôpitaux qui veulent aussi compter sur les médecins de villes. Ils sont la première étape pour les patients qui auraient des symptômes. Ils peuvent donc jouer un rôle auprès des hôpitaux engorgés en s’occupant au plus tôt des patients pour leur éviter de terminer à l'hôpital. "Il va falloir beaucoup insister sur l'importance de consulter un médecin et l'articulation entre la ville et l'hôpital pour que les généralistes travaillent d'emblée avec les hospitaliers", le docteur Rachel Bocher, psychiatre à Nantes et présidente de l’Intersyndicat National des Praticiens Hospitaliers.
Les agences régionales de santé (ARS) orchestrent ces coopérations au niveau local. Et concernant les hôpitaux et les médecins de ville, il pourrait y avoir une meilleure organisation à en croire certains professionnels. "On est chacun dans des coeurs de métiers qui sont complémentaires. La concertation doit se faire en amont. On est frustrés quand les propositions nous écartent de la décision", explique William Joubert, médecin généraliste au Mans et président de l’Union Nationale des Professionnels de Santé.
Chaque praticien et médecin est prêt à cette coordination. L’idée c’est d’être plus efficace en travaillant ensemble même si les philosophies sont parfois différentes.
Cette complémentarité, pour s'inscrire dans la durée, doit faire l'objet de politiques de santé, avec des financements par exemple.
Mais le clef réside aussi et surtout dans l’anticipation. À long terme, c’est sur la prévention qu’il faut parier, des politiques moins chères que les soins comme la réanimation. "Ce qui coûte le plus cher dans la santé, c'est la réanimation alors que ce qui a le plus d'impact c'est la prévention et la médecine primaire", explique Claire Chaumont, enseignante en santé publique à Harvard aux Etats-Unis.
Tous espèrent en tout cas que cette crise permettra de tirer les leçons pour l’avenir et de renforcer le système de santé français. Et en attendant, chacun s'entraide comme il peut.
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