On entend dire que la France a le meilleur système de santé du monde. Est-ce toujours vrai aujourd’hui ? S’il y a un domaine qui a subi de plein fouet les contraintes du Covid, c’est bien celui de l’hôpital et du soin. Il est présenté aujourd’hui comme un lieu de souffrance des soignants, d’épuisement professionnel, de fermeture de lits. D'où vient le problème et quelles solutions s'offrent à nous ? À l'approche de l'élection présidentielle, le débat est lancé sur RCF.
À moins de 90 jours du premier tour, RCF entame ce lundi 24 janvier une série d’émissions spéciales pour décrypter des thèmes essentiels de la campagne avec des acteurs de terrain. L’objectif : aider chaque citoyen à discerner avant son vote.
"La France garde un bon système de santé, contrairement à ce que peuvent dire certains", répond Gérard Vincent. Le délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF) et président de la Fédération internationale des hôpitaux (FIH) rappelle que "4% de la richesse nationale est consacrée aux hôpitaux en France, soit deux fois et demi le budget de la Défense nationale".
Pourtant, s’il y a un domaine qui a subi de plein fouet les contraintes du Covid, c’est bien l’hôpital. Il est présenté aujourd’hui comme un lieu de souffrance des soignants, d’épuisement professionnel, de fermeture de lits. Quand il parle du malaise de l’hôpital public, le Pr. Bernard Granger ne mâche pas ses mots. Il parle d’un "système structuré de façon globalement maltraitante".
Envol des dépenses de santé, crise démographique… Les causes de ce malaise sont "multiples", rappelle le Pr. Bernard Granger, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Cochin et membre de la commission médicale et du conseil de surveillance de l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). Il y a le nombre de médecins qui a "diminué de façon aujourd’hui catastrophique", estime le Pr Granger, dans un pays où l’hôpital public attire "de moins en moins" les soignants. "Le virage gestionnaire des années 80 s’est appliqué à l’hôpital, ce qui a entraîné progressivement une perte de sens et la mainmise des bureaucrates et des technocrates sur le système de santé."
"Les conditions de travail sont extrêmement pénibles, admet Clément Wulveryck, on est aussi dans une époque où on consomme la santé d’une manière très différente, parce qu’il y a beaucoup plus de traitements possibles, parce que les prises en charge se sont grandement améliorées…" Sage-femme, échographiste et enseignant-chercheur en éthique au sein du groupe hospitalier de l’Institut catholique de Lille, il évoque également "des protocoles plus lourds qui nécessitent plus de prise en charge administrative".
Changer le système de santé : par où commencer ? Ils sont nombreux à pointer du doigt "la tarification à l’acte", qui "pèse sur le temps des soignant pour prendre soin des patients", estime Clément Wulveryck. "La tarification à l’acte nous a obligés à monnayer à une valeur chiffrée bien précise au centime près chaque acte réalisé au sein d’un hôpital." De son côté, Gérard Vincent De ceux qui pensent qu’il faudrait transformer le statut de l’hôpital public en fondation, "c’est-à-dire un établissement privé avec des règles de gestion privée à but non lucratif..."
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