La vaccination est obligatoire pour les soignants depuis le 15 septembre 2021. Mais certains la refusent. Comment en parler avec eux ? Faut-il chercher à les convaincre ? Sur un sujet aussi brûlant, il n'y a pas d'autre solution que le dialogue empathique et amical. On en parle avec le père Bruno Saintôt, jésuite, directeur du département d'éthique biomédicale au Centre Sèvres.
Le 9 septembre dernier, un avocat du barreau de Nice a déposé deux requêtes collectives devant le Conseil d’État contre la vaccination obligatoire pour certaines professions, dont les soignants. Il y a en effet des infirmiers, des aides-soignants, des médecins généralistes ou même des praticiens hospitaliers qui refusent de se faire vacciner. Parmi eux, certains acceptent parce qu’ils n’ont pas d’autre solution. Mais lorsqu'on se soumet sans pour autant être en paix intérieurement, il y a de quoi nourrir "une animosité qui ressortira un jour", prévient Bruno Saintôt.
Comment parler avec les soignants opposés à la vaccination obligatoire ? Comment arriver à échanger sur un sujet brûlant qui divise même les familles ? La vaccination est un débat "tellement passionné", qu'il est nécessaire pour l'aborder d'établir "le cadre du dialogue, de l'amitié", considère Bruno Saintôt. "Quand quelqu’un est bloqué par ses émotions les arguments scientifiques ça ne marche pas."
Beaucoup de gens sont offusqués qu’on les traite de haut, commençons par le respect !
Parmi les soignants, il y a ceux qui se sentent isolés de leurs collègues par rapport à leurs propres convictions et qui peuvent se trouver par conséquent dans une attitude défensive. Il s’agit auprès d’eux de construire un cadre empathique, amical, et de les écouter : le jésuite le souligne, "il y a une insatisfaction liée à ce manque d’écoute". Or, "il y a des gens qui ont besoin de parler, il ne faut jamais oublier ça !"
Chez des personnes qui sont sur le front en permanence, qui travaillent des heures à n’en plus finir, qui ont exposé leurs propres vies, cette obligation peut être vécue comme une contrainte supplémentaire. "Il faut entendre ça", insiste Bruno Saintôt, pour qui il n’y a pas d’autre solution que le dialogue. "Cette pandémie, ça sert de cristallisation à plein d’insatisfactions sociales, économiques, politiques..." Par ailleurs, "beaucoup de gens sont offusqués qu’on les traite de haut, commençons par le respect !"
"Ces gens-là ont leurs propres raisons, leurs propres émotions, leurs propres craintes qu’il faut écouter." Mais en prenons-nous le temps ? Alors que nous sommes déjà en situation pré-électorale, "comment allons-nous parler tous ensemble sur ce qui est bon pour nous ? Des contraintes que nos acceptons, écologiques, économiques ? Des contraintes que nous allons accepter au nom de cette vie tous ensemble pour qu’elle soit la meilleure possible ?"
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