Trouver sa voie quand le sol se dérobe : tous les gouvernements européens se trouvent confrontés au défi monumental de la crise du Covid-19. Partout ou presque les exécutifs doivent faire face aux critiques sur leur gestion et à la montée des peurs, mauvaises conseillères quand l’épidémie s’étend.
La France n’échappe pas à ce constat. D’autant que ces dernières semaines, elle a cumulé des épreuves inquiétantes et mortifères sans lien entre elles mais cumulatives : l’explosion de contaminations dues au virus et un attentat terroriste.
La charge des responsabilités s’est accrue sur les épaules de pouvoirs publics, sans défausse possible. Président et gouvernement se retrouvent au pied du mur. Configuration classique dans l’exercice des responsabilités, mais qui se trouve singulièrement amplifiée dans le cas français.
Cette pesanteur s’est amplifiée sur un épais terreau de promesses différées puis écartées dans les premières années du quinquennat d’Emmanuel Macron. Mélange de jeunesse, de renouvellement et de promesse de créativité, les Français se sont majoritairement rallié lors du second tour de la présidentielle à cette offre de renouveau. Elle offrait aussi l’avantage d’infliger une nouvelle défaite aux vieilles lunes de l’extrême droite. Un désir encore amplifié aux législatives.
Doté d’une solide majorité, Emmanuel Macron et son gouvernement pouvaient alors avancer. Il y eut des succès, une dynamique, des échecs fatals, des erreurs de communication, parfois de ligne politique. Et il fallut affronter un réel plus complexe qu’on ne pouvait l’imaginer, une accumulation spectaculaire de difficultés nées en partie de l’hubris gouvernementale (les "gilets jaunes", la conduite de la réforme des retraites). Spirale infernale que le changement de Premier ministre à l’issue du confinement généralisé n’a pas arrêtée. La crise sanitaire a repris de plus belle puis l’islamisme a frappé à Conflans-Sainte-Honorine.
Devant l’accumulation de ces menaces, il n’y a pas d’alternative raisonnable à la cohésion nationale. Il faut "faire bloc". Mais un tel état d’esprit ne se décrète pas, il se construit. À partir quelques prérequis indispensables.
Pour les citoyens, il faut enfin admettre (comme pendant le confinement) que la crise sanitaire exige de faire confiance aux autorités. La France n’est évidemment pas peuplée de 60 millions d’épidémiologistes. Il faut donc renvoyer l’analyse de la gestion de la crise au moment où nous en serons sortis. Face à la menace d’attentat, refuser tout amalgame entre les millions de musulmans vivant en paix en France et les projets politiques et meurtriers des islamistes. Voilà des réactivations utiles de notre raison quand les passions risquent de nous aveugler collectivement.
Pour lui, l’exercice sera tout aussi exigeant. Être toujours plus guidé par le souci de la cohésion sociale face à la crise économique qui va encore s’amplifier à mesure que les espoirs de reprise reculent s’impose. Équilibrer autant que faire se peut les dispositifs d’urgence avec le respect de la démocratie en informant a minima le Parlement en temps et en heure, tout autant. Et dans la lutte contre le terrorisme, ne jamais laisser des ministres, habités par des ambitions électoralistes, confondre recherche universitaire et complaisance avec l’islamisme.
Il est de sa responsabilité d’Emmanuel Macron d’obtenir l’unité qu’il appelle de ses vœux. Dans ces circonstances, qui pourrait la lui refuser ?
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