Retour sur l’épisode de crues et d’inondations qui frappe actuellement la France.
Après la montée rapide des eaux, vient l’accalmie. "Grâce au fait que nous avons une accalmie en terme de pluies ces deux derniers jours, on est rentré globalement sur la plupart du territoire nationale dans une phase de décrue. Les forts niveaux d’eau notamment dans l’Est de la France sont progressivement en train de se décaler vers l’aval. Nous avons aujourd’hui encore deux points d’attention particuliers : les crues sur la Saône qui sont liées aux fortes crues que l’on a connues en début de semaine sur des rivières comme l’Ain, qui viennent du Jura, et le décalage des crues de la Marne qui vont arriver progressivement en région parisienne où l’on atteint un pic de crue de l’ordre de six mètres" explique Marc Mortureux, directeur général de la prévention des risques au ministère de la Transition écologique et sociale.
Les autorités ne cessent de rappeler qu’il s’agit là d’une crue d’une intensité forte. "C’est une crue qui est très importante dans le sens où elle touche quasiment toutes les régions de France à l’exception de l’arc méditerranéen qui reste assez sec et la Bretagne. Quand on voit les cumuls de précipitation depuis le début de l’année, c’est bien deux ou trois fois les moyennes à cette période de l’année. Ce qui est exceptionnel" confirme-t-il.
Marc Mortureux nuance en rappelant qu’il faut distinguer les différentes zones touchées et l’importance de la montée des eaux en fonction de la localisation géographique. "On n’est pas en fonction des endroits dans des situations totalement exceptionnelles. Nulle part à ce stade, on envisage d’atteindre des niveaux jamais atteints" atteste-t-il.
Face à cela, l’État et les pouvoirs publics locaux s’organisent. "Il faut évidemment mesurer et prévoir pour anticiper. On a bientôt la partie météorologique avec Météo France, et puis on a le réseau Vigie Crue, qui mesure l’ensemble des cours d’eau du territoire, avec des capteurs positionnés à différents endroits, qui vont mesurer la hauteur d’eau et le débit en temps réel. C’est intéressant pour deux choses : c’est à disposition de la population d’une part et c’est très utile pour les services de l’Etat et les collectivités locales car on va faire de la modélisation et passer de la prévision des crues à la prévision des inondations. Cela permet d’identifier quelles sont les zones dans lesquelles il faut prendre des mesures particulières" précise le directeur général de la prévention des risques au ministère de la Transition écologique et sociale.
Des phénomènes climatiques qui ne sont pas pris à la légère donc, en raison de leur coût. "Je rappelle que l’inondation de mai-juin 2016 a coûté plus d’un milliard d’euros. On est clairement dans un contexte de changement climatique et donc on sait que nous allons être de plus en plus exposés à un certain nombre de phénomènes météorologiques importants comme les épisodes cévenols, des épisodes de pluie très importants qui peuvent apporter une énorme quantité d’eau en très peu de temps, ce qui est très dangereux. Il faut que l’on s’adapte à cela" explique Marc Mortureux.
Parmi les causes de ces crues, outre la fonte des neiges et la pluviosité, il faut également pointer du doigt l’action de l’homme. Si l’eau s’accumule, c’est qu’il n’y a plus d’espace dans le sol pour l’évacuer. "L’artificialisation des sols est un élément important. Cela fait partie des éléments à prendre en compte dans l’aménagement. Mais depuis le 1er janvier 2018, a été confié aux communautés de communes une responsabilité nouvelle dans la prévention des inondations dans le cadre de l’aménagement du territoire. Il faut repenser l’urbanisme. Il y a de très bons exemples de quartiers nouveaux qui ont été bâtis en tenant compte du risque inondation" précise le directeur général de la prévention des risques au ministère de la Transition écologique et sociale.
Face à cela, le directeur général de la prévention des risques au ministère de la Transition écologique et sociale rappelle que l’Etat s’investit, tant sur la prévention des risques, que sur l’accompagnement des communes sur ce sujet, d’un point de vue financier notamment. "Sur environ 1,5 milliard d’euros de coût global, l’Etat accompagne à plus de 550 millions d’euros au titre du fonds Barnier" rappelle-t-il.
Quid de l’avenir ? Marc Mortureux précise que les épisodes de crues pourraient s’intensifier sur les prochaines décennies. "Il y a un assez large consensus scientifique sur le fait que l’intensité des crues pourrait augmenter. Il faut que l’on s’habitude à s’adapter à ces phénomènes. On est en partie prêt mais jamais complètement. Il y a encore beaucoup de choses à faire" conclut-il.
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