Les écologistes en crise. Le mouvement semble traverser une passe difficile. Il y a d’abord eu le parallèle douteux entre les forces de l’ordre et le régime de Vichy du maire de Colombes, dans les Hauts de Seine. Il y a aussi eu le maire de Grenoble faisant le parallèle entre le déploiement de la 5G et la consommation de vidéos pornographiques. Et puis l’élu parisienne, Alice Coffin, qui a mené la charge sur Christophe Girard, jusqu’à sa démission.
"Il y a des écologistes qui sont devenus plus médiatiques. La parole écologiste est plus répandue dans les médias. Il faut se souvenir que les écologistes ont toujours eu des positions très radicales, pas seulement sur l’environnement, mais sur le libéralisme culturel : les questions de sexualité, la question de l’immigration ou encore celle de la sécurité. Des positions beaucoup plus à gauche que le parti socialiste, mais qui n’étaient pas extrêmement apparentes car il n’y avait pas de cas révélé dans les médias de façon très forte" explique Daniel Boy, membre du centre de recherche de Sciences Po, et spécialiste des mouvements écologistes.
Certains candidats de la majorité avaient remis en avant durant la campagne des municipales un discours anti-écolo. Ils ont ensuite profité de ces différentes polémiques pour redire qu’il s’agissait d’une formation extrémiste. De quoi alimenter la thèse du radicalisme des écologistes. "La victoire des écolos aux européennes puis dans certaines grandes villes aux municipales a aiguisé la contestation. On les voit prendre du pouvoir. À partir du moment où ils ont des victoires électorales, cela ravive la haine entre la gauche et la droite" ajoute-t-il.
Pour ces nouveaux élus, la difficulté consiste désormais à passer du statut de militant voire d’activiste à celui de politique, et découvrir qu’il y a un monde entre les deux. "Lorsqu’on est dans le monde politique, on est tenu à une certaine réserve du langage. Les verts ne sont pas complètement dans le monde politique. Il y a peut-être un petit apprentissage à faire du langage politique, lorsque l’on est un parti au seuil du pouvoir" lance Daniel Boy.
Les écologistes ont désormais plusieurs objectifs en tête. Les élections régionales d’abord. Et puis peut-être ensuite l’élection présidentielle de 2022. Deux scrutins où l’enjeu de leur radicalisme peut faire débat. "Une très forte radicalité affichée peut réduire la base électorale d’un parti" estime ce spécialiste des mouvements écologistes qui rappelle que généralement, "on regarde toujours de près les écolos dans la mesure où on n’est pas très habitué à les voir au pouvoir".
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