C’est une étape pour beaucoup de candidats à l’élection présidentielle. La baie de Saint-Brieuc, où 62 éoliennes doivent être installées en mer en décembre 2023, par l’opérateur Ailes Marines, filiale d’Iberdrola, est un sujet hautement sensible. Crucial même pour les pêcheurs et les habitants. Beaucoup d’enjeux se mélangent entre nécessité d’une transition énergétique et préservation de la biodiversité.
Dans une zone commerciale près de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), Denis sort de son entretien avec le sourire. Il est commercial mais vient de postuler à une formation pour devenir technicien de maintenance sur les éoliennes. Elle débutera dès le mois prochain et pour un an. Denis est motivé. À 49 ans, il entame une reconversion professionnelle. "Le métier que je fais depuis de nombreuses années, je pense en avoir fait le tour. Ces métiers sur les énergies renouvelables et les éoliennes marines ont un impact assez positif sur ma perception de ce qu'on va laisser à nos futures générations", explique-t-il.
30 personnes sont venues, comme lui, s’informer sur ces formations initiées par l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) à Plérin. Les techniciens se font de plus en plus rares alors il faut les former. Quelques critères sont requis : pas de vertige ni de mal de mer et une bonne maîtrise de l’anglais. C’est un métier d’avenir, et un métier qui a bien changé. "Aujourd'hui nos techniciens de maintenance passent plus de temps face à un ordinateur qu'avec une pompe à graisse à la main. C'est un métier de passion, où il y a besoin d'avoir du sens", insiste Raymond Couloigner, directeur des services offshore chez Siemens Gamesa en France, entreprise qui construit notamment les pales des éoliennes.
22 emplois sont à pourvoir sur ce chantier. Le taux de chômage avoisine les 7 % dans les Côtes-d’Armor.
En arrivant à Erquy, certaines banderoles donnent le ton : "Non aux éoliennes". Son cap est un endroit époustouflant qui surplombe la baie de Saint-Brieuc. Au large de cette baie, 62 éoliennes se dresseront, si le chantier va jusqu’au bout. Impensable pour les habitants qui vivent ici à l'année, la commune ayant un taux important de résidences secondaires. Le paysage, "c'est un horizon sans limite" pour Katherine Poujol. "On nous a expliqué que des éoliennes de 207 mètres de haut qui flashent, qui tournent, qui clignotent, on ne les verrait pas alors qu'elles sont à 17 kilomètres du Cap d'Erquy", soupire cette habitante qui préside l’association "Gardez les Caps", contre le projet et pour protéger cet espace naturel.
Toutefois, elle se défend tout de suite : "On n'est pas du tout une association anti éoliennes. On juge absolument nécessaire de passer au renouvelable mais les développer, c'est pas détruire le vivant. C'est ce qu'il se passe ici. Aujourd'hui, la seule solution, c'est l'abandon".
L’abandon du projet, Alain Coudray le demande aussi. Il a même écrit directement, plusieurs fois, à Emmanuel Macron. Le président du comité départemental des pêches (CDPMEM) n’a toujours pas reçu de réponse. Alain Coudray demande à ce que le chantier ne reprenne pas en mars, surtout pas avant l’élection présidentielle car certains candidats veulent arrêter le projet.
Sur la carte, le patron des pêcheurs des Côtes-d’Armor, au départ non-opposé au projet, montre du doigt l’espace que représente le chantier : 80 kilomètres carrés. Avec ça, des grosses nuisances pour les coquilles Saint-Jacques, les seiches et les poissons qui font la renommée du département. "Les animaux c'est comme les humains, ça n'aime pas le bruit", répète-t-il. 100 bateaux sont concernés par la zone selon le comité départemental des pêches.
Le parc doit fournir de l'électricité, chauffage compris, à 835.000 personnes, pendant 25 ans. Soit l'équivalent de 9 % de la consommation électrique en Bretagne. "L'urgence climatique est telle qu'on n'a plus vraiment le choix. Le nucléaire ne peut plus répondre à la situation climatique", alerte Dominique Guiho, le président de la fédération CoBen affiliée à France Nature environnement.
Le chantier doit donc reprendre en mars pour un coût total de 2 milliards 400 millions d’euros. À ce jour, seulement 10 pieux ont été installés
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