Dans la Drôme, deux religieuses septuagénaires ont décidé de faire don de leur monastère à la mairie. La raison ? Elles craignent d'être délogées des lieux par le diocèse...
Il n’y a plus que deux religieuses au monastère de La Ribiane, à Saint-Restitut, dans la Drôme. Sœur Marie-Cécile et Sœur Madeleine, toutes deux septuagénaires, veulent finir leurs jours dans ces lieux. Par peur d'être délogées par le diocèse, elles ont choisi de léguer le monastère, et son terrain de 1.000 mètres carrés, à la mairie.
"Il y a à peu près dix-huit mois, raconte la maire de la commune Christine Forot, elles se sont rapprochées de moi pour nous faire part de leur volonté de céder le monastère à la commune de Saint-Restitut sous certaines conditions, qu’on n’en fasse pas n’importe quoi."
Les deux rédemptoristines – membres de l’ordre du Très Saint Rédempteur, ordre contemplatif de droit pontifical - n’ont pas souhaité répondre à RCF. À Bernadette Sauvaget, du journal Libération, elles ont confié la raison de leur geste : leur peur d’être délogées par le diocèse.
Les démarches administratives ont pris plusieurs mois. La préfecture a d’abord été contactée par la mairie, "puisqu’il fallait l’autorisation de la préfète pour accepter ce don". Puis le bureau central des cultes (BBC) au ministère de l’Intérieur… Quant au conseil municipal de Saint-Restitut, il "a accepté à l’unanimité le legs des sœurs".
De son côté, le diocèse met en doute la validité de l’acte de donation. Les religieuses n’auraient pas respecté les démarches nécessaires car il faut l’autorisation du Vatican pour faire don d’un bien qui appartient à l’Église. Toutefois aucune sanction ne sera prise par le diocèse à l’encontre des deux religieuses, assure le Père Éric Lorinet, administrateur du diocèse de Valence. Le legs pourra-t-il aboutir ? On devrait en savoir plus à la mi-septembre.
C’est tellement dommage tout ça, si elles veulent donner à la mairie pourquoi pas mais elles auraient pu en parler !
"Moi mon boulot c’est de dire : Attention là vous faites quelque chose de pas bien et qui met en danger des gens fragiles." Le Père Éric Lorinet regrette la façon dont les deux religieuses ont effectué leur démarche. "C’est tellement dommage tout ça, si elles veulent donner à la mairie pourquoi pas mais elles auraient pu en parler !"
Le Père Lorinet s’inquiète pour les trois autres religieuses qui ne vivent plus au monastère. L'une réside en Ehpad, une autre en Belgique, la troisième est en période de discernement de vocation. Cette dernière n’aurait pas été mise au courant du legs. Or, les trois rédemptoristines qui ne vivent plus au monastère "font partie de la communauté". "L’Ehpad ça coûte cher… si on donne tout de manière inconsidérée sans réfléchir, sans demander leur avis…"
Entre le diocèse et la mairie, chacun l’assure, il n’y a pas de conflit. "La mairie, je ne lui en veux pas, confie le Père Lorinet, pourquoi pas, ça peut être une bonne idée, mais il faut juste qu’on le fasse comme il faut !" La maire de Saint-Restitut nous parle de ses "excellentes relations avec les prêtres de la paroisse". Elle ajoute qu'il "n’y a pas d’histoire de conflit entre la mairie et les autorités de l’Église tel qu’on veut nous le faire croire." Quant au monastère de Saint-Restitut, s’il devient bien propriété de la mairie, il pourrait devenir "peut-être un lieu de béguinage, un lieu d’accueil pour des séminaires de yoga, de méditations, de musique…"
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