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Dans le fracas, le murmure des statues qui tombent
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Dans le fracas, le murmure des statues qui tombent

RCF,  -  Modifié le 17 juin 2020
La chronique des Scouts et Guides de France Dans le fracas, le murmure des statues qui tombent
Le décès de George Floyd a entraîné des manifestations et des marches, des statues ont été déboulonnées, symbole d'un cri infini de la jeunesse: un cri auquel il faut répondre.

Comme avec ces manifestations et ces marches autour du mouvement Black Lives Matter qui s’inscrivent dans les convulsions de notre époque particulièrement ces 3 dernières années et rejoignent celles du MeToo, d’Extinction Rebellion, des Gilets Jaunes. Ces derniers jours m’ont fait repenser à la série de tableaux de Munch, celle sur « Le Cri ». Dans cette série le personnage a une allure de momie, le visage déformé et défiguré par une expression horrifiée.

Munch notait dans son journal que l’inspiration lui était venue lors d’une promenade autour du Fjord d’Oslo au soleil couchant, au cours de laquelle il fit l’expérience intérieure « d’un cri infini qui passait à travers l'univers et qui déchirait la nature. » L’interprétation de cette série de tableaux est qu’ils expriment l’angoisse existentielle que peut ressentir la femme ou l’homme moderne. C’est en cela que je fais un lien entre l’œuvre de Munch et notre actualité. Je suis frappée par cette frénésie d’abattre des statues physiques ou symboliques,  de débaptiser les rues, et cela au nom d’une relecture du passé à partir des errements et des oppressions constatés dans nos vies  d’aujourd’hui. Ceci nous conduit à relativiser l’héroïcité des personnages qu’elles honorent et à en faire les responsables. Comme si leur régler leur compte pour leur action d’hier et effacer leur mémoire dans l’espace public réglaient la question pour aujourd’hui et demain !

En tant qu’éducateurs, je crois qu’il est essentiel que nous sachions proposer aux jeunes, nombreux dans ces manifestations, une voie plus exigeante que celle de croire au leurre que pour construire un avenir meilleur, du passé il suffit de faire table rase ! Nous l’avons déjà évoqué ici : quelle que soit la part de lumière d’une personnalité, l’erreur réside dans son idolâtrie. C’est l’esprit critique que nous devons stimuler, pas le prêt à penser, ni la scansion de slogans, aussi légitimes soient-ils. Parce que par essence ils sont simplistes et prompts à la caricature. Il faut aider ces jeunes à  s’enrichir des parts de lumière, sans naïveté sur celles d’ombre, à prendre un appui sur le passé pour prendre leur envol !
« Ouvrez une conversation entre ceux que l’histoire a séparé et opposé »

C’est peut-être cela que murmurent les statues aux oiseaux qui s’y reposent!
 

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La chronique des Scouts et Guides de France
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La chronique des Scouts et Guides de France

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