Les petits frères des pauvres dressent le bilan de l’année 2024 des personnes âgées retrouvées mortes, chez elles, des semaines, mois ou années après leur décès. Ils appellent à mener une politique préventive beaucoup plus ambitieuse de lutte contre l’isolement grandissant des personnes âgées. Entretien avec Emilie Sarrazin, leur directrice régionale pour la Bretagne et les Pays de Loire.
Combien de personnes âgées ont été retrouvées mortes, chez elles, plusieurs jours après leur décès, en Bretagne, l’an dernier ?
En l’absence de statistiques publiques, nous nous basons sur des données sorties d’articles de la presse quotidienne régionale. Nous avons découvert qu’en Bretagne, selon ces sources, sept personnes ont été découvertes décédées chez elles, plusieurs jours, semaines, voire des mois, après leur mort.
C’est une situation catastrophique. Comment cela s’explique-t-il ?
On est sur la conséquence la plus extrême de l’isolement qui est croissante notamment chez les personnes âgées. Et particulièrement, celles qu’on appelle en situation de mort sociale c’est-à-dire des personnes qui, de leur vivant, n’ont aucun contact avec leur famille, ni avec leurs amis, le voisinage, ni avec le tissu associatif. Pour nous, c’est dramatique car c’est le signe d’une société où il y a un isolement extrêmement grave.
Comment faire pour mettre fin à ces situations ?
Il faut une mobilisation d’ampleur. Il faut avoir une visibilité réelle en créant, par exemple, un observatoire de la mort solitaire. Il y a aussi la possibilité de travailler avec les pouvoirs publics, par exemple, ou alors avec des entreprises comme la Poste ou distributeurs d’énergie en menant des expérimentations.
Une personne qui n’a eu aucun mouvement sur son compte bancaire, qui n’a pas eu de consommation d’énergie, est peut-être une personne qui est décédée… Et puis, c’est la responsabilité de tous. Quand on a un voisin et qu’on constate que sa boîte à lettres déborde, aller frapper à sa porte pour savoir si ça va, c’est important.
Vous faites un constat et des propositions. Mais vous ne pourrez pas y arriver tout seul.
Il faut une volonté politique et il faut une société du lien. La possibilité que chacun soit responsable de l’autre à l’échelle de son quartier, de son village. Bien entendu, il faut que les pouvoirs publics s’engagent. La chaîne de solidarité du voisin à celui qui décide est extrêmement importante.
Pour éviter ces situations inhumaines et inacceptables, certains signes doivent nous faire réagir. J’invite tout le monde à télécharger notre kit d’information sur notre site internet.
Chaque jour, sur RCF en Bretagne, retrouvez l’invité du matin, du lundi au vendredi à 6h35, 9h et 12h07. Société, économie, politique, un éclairage local sur l'actualité.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !