Un scandale sanitaire à craindre. C'est la Dépakine, un médicament anti-épileptique, qui est pointée du doigt pour avoir entraîné des malformations sur les fœtus, lorsqu'il était prescrit à des femmes enceintes. Il serait aussi à l'origine de troubles du comportement. Le Canard enchaîné, qui a révélé l'affaire, parle de 10 000 victimes. Elles auraient pris de la Dépakine entre 2007 et 2014.
Pour avancer ce chiffre, qui n'a toujours pas été confirmé par le ministère de la santé, l'hebdomadaire satirique se base sur un rapport de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam). Les services de Marisol Touraine ont précisé qu'il serait présenté le 24 août prochain à l'association des victimes de ce médicament, l'Apesac (Aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant). Pourtant, toujours selon Le Canard enchaîné, ce rapport aurait été communiqué à la mi-juillet au ministère de la santé. Le journal accuse donc le ministère d'avoir sciemment dissimulé ces informations.
Mais la Dépakine - et plus globalement la molécule qu'elle contient - n'en est pas à sa première polémique. Le valproate de sodium est, en effet, sur la sellette depuis plusieurs années. En cause: un risque élevé de malformations pouvant toucher les foetus. On lui reproche également d'augmenter les risques de retards intellectuels et/ou de la marche, mais aussi d'autisme.
Selon le docteur Eric Henry, président du syndicat des médecins libéraux, les risques pour les enfants dont les mères auraient pris de la Dépakine s'élèveraient même à 10% pour les malformations foetales et à 40% pour les troubles du comportement. Des conséquences d'autant plus dramatiques, que les enfants atteints développent ces troubles pendant leur croissance. "Les parents ne s'en rendent donc pas compte tout de suite" explique-t-il. "Il va falloir épauler ces victimes qui démarrent à peine leur vie. C'est un véritable enjeu de société."
Selon les associations de victimes, près de 30 000 enfants auraient été victimes de la Dépakine dans les 50 dernières années. Elle est commercialisée en France par Sanofi depuis 1967, mais aussi d'autres laboratoires sous forme générique. Sa molécule est également prescrite dans les troubles bipolaires, cette fois sous d'autres appellations (Dépakote, Dépamide).
Les associations seront reçues au ministère de la santé le 24 août prochain. Elles devraient demander à Marisol Touraine la création d'un fonds d'indemnisation.
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