Une expérimentation inédite en France vient de débuter au Samu de Rennes pour limiter les passages aux urgences. Des binômes d’infirmiers et d’ambulanciers vont faire équipe sur un rayon de 45 minutes autour de la ville, pour prendre en charge certains patients directement à domicile.
Une personne âgée qui chute à son domicile et nécessite un pansement, une injection d’antalgiques, autant d’actes médicaux pour lesquels il sera désormais possible d’éviter un déplacement aux urgences du CHU de Rennes, déjà saturées avec 200 admissions chaque jour aux urgences de l’hôpital rennais. Dans le cadre des quinze projets labellisés en Bretagne par le Conseil national de la refondation en santé, des binômes d’infirmiers libéraux et d’ambulanciers feront équipe, à titre expérimental, pour une durée de 6 mois, dans un rayon de 45 minutes autour de Rennes.
Une douzaine d’infirmiers et une quinzaine d’ambulanciers se sont déjà portés volontaires pour ce dispositif testé une première fois l’été dernier, le temps de trois week-ends. Parmi eux, Rozenn, infirmière libérale à Retiers, qui a eu l’occasion de partir en intervention, et de réaliser des soins au domicile du patient, évitant ainsi un déplacement aux urgences. “C’est très valorisant dans mon métier, explique-t-elle, de permettre un maintien à domicile, d’évoluer aussi dans mes compétences, grâce aux formations proposées dans le cadre de cette expérimentation”.
Un binôme sera d’astreinte tous les jours de 9h à 20h pendant la durée des vacances, puis tous les week-ends et jours fériés, depuis deux sites, à Rennes et Bruz. Le dispositif évite aussi de mobiliser des ambulances, constate Vincent Tizon, président de l’Association des transports sanitaires urgents d’Ille-et-Vilaine, qui assure 55 000 interventions par an.
“Il faut optimiser les prises en charge, notre volume d’intervention grossit de 10 % chaque année, et beaucoup de patients que l’on accompagne aux urgences n’ont pas lieu d’y être, si un soin peut leur être apporté chez eux.”
“Les ambulanciers ne sont pas compétents pour réaliser certains soins, comme nettoyer une plaie ou procéder à des injections d’adrénaline, ce que l’infirmier lui, peut faire, explique le docteur Tarik Cherfaoui, chef de service adjoint du Samu au CHU de Rennes. Grâce à la téléconsultation, un médecin régulateur du Samu pourra en direct faire une prescription, si besoin. Dans tous les cas, la prise en charge d’urgence commence par un appel au 15, avant de se présenter aux urgences, rappelle le Dr Cherfaoui.
Le projet bénéficie d’un soutien financier de 50 000 euros de l’Agence régionale de santé Bretagne. Un “très bon exemple de coordination des différents acteurs de la chaîne de soin”, souligne Elise Noguera, directrice générale de l’ARS Bretagne.
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