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Des bouées Argo recupérées pour la première fois à la voile en Atlantique nord !

Un article rédigé par Ronan Le Coz - RCF Bretagne, le 17 juin 2024 - Modifié le 18 juin 2024
GRAND INVITE REGIONALUne campagne scientifique inédite à la voile pour récupérer des flotteurs Argo

Une première campagne en mer à la voile pour récupérer des flotteurs Argo ! Elle a duré 25 jours et a permis de récupérer 10 flotteurs-profileurs en fin de vie.

Noé Poffa (à gauche) et l'équipage du Morskoul avec Laura Troudet (à droite) de retour à Brest, le 10 juin - © Ronan Le CozNoé Poffa (à gauche) et l'équipage du Morskoul avec Laura Troudet (à droite) de retour à Brest, le 10 juin - © Ronan Le Coz

Cette première campagne à la voile d'Euro-Argo et de l'Ifremer, baptisée NAARCO, a duré 25 jours, et a permis de récupérer 10 flotteurs Argo entre Brest les Açores. Des flotteurs en fin de vie, qui vont pouvoir ainsi être recyclés et ne finiront pas leur vie au fond de l'océan Atlantique ! "Récupérer un flotteur au milieu de l'océan avec un bateau à moteur, cela n'aurait pas vraiment de sens parce qu'un bateau à moteur capable d'aller jusqu'aux Açores, par exemple, il va consommer 1,5 tonne de gazole par jour ! La seule possibilité pour que cela ait du sens, c'est vraiment d'y aller en voilier", raconte Noé Poffa, le chef de mission pour Argo-France.

L'objectif de cette mission était d'estimer concrètement la faisabilité et la rentabilité d'une opération de ce type. Pour l'instant, la plupart des profileurs Argo terminent leur vie au fond des océans, ce qui pose des problèmes de pollution, et aussi éthiques. Sur les 4 000 bouées déployées dans le monde, plusieurs centaines doivent être renouvelées chaque année. "Depuis deux trois ans, on arrive à récupérer environ 10% des flotteurs. Là, il fallait montrer qu'on pouvait faire plus en utilisant la voile. On espère arriver à peut-être 25, 30, et même 50% de flotteurs récupérés dans le futur !"

Noé Poffa, à bord du catamaran Morskoul - © Ronan Le Coz

Etude du climat

Les profileurs Argo sont des bouées autonomes, équipées de capteurs, et déployés dans tous les océans par la communauté scientifique mondiale, issue de plus de 25 pays, dont la France. Ces profileurs mesurent plusieurs éléments (température, salinité, et plus récemment pH, chlorophylle, oxygène...) et évoluent au cours d'un cycle entre la surface, où ils envoient leurs données, et les grandes profondeurs. Aujourd'hui ils peuvent descendre jusqu'à 4 000 à 6 000 mètres !

Les bouées Argo ont par exemple permis une modélisation fine des grands courants océaniques. "Elles apportent aussi des connaissances climatiques à court et à long terme", insiste Noé Poffa. "Le réseau Argo alimente aussi tous les modèles opérationnels, la prévision météorologique, la prévision des cyclones... Le suivi climatique à long terme aussi... C'est grâce à Argo qu'on a pu réduire le budget de chaleur des océans, qu'on ne connaissait pas bien avant, et qu'on arrive à savoir très finement, par exemple, la proportion de chaleur anthropique absorbée par l'océan jusque dans les grandes profondeurs."

Les profileurs Argo récupérés étaient en très bon état, protégés par leur immersion à des grandes profondeurs - © Ronan Le Coz

Un test pour la flotte du futur

La campagne (et là aussi c'est une première) a été menée à bord du catamaran Morskoul, de l'armement coopératif Skravik. "Le catamaran nous permet d'avoir une surface stable pour pouvoir travailler. Il faut imaginer que là, on a récupéré dix flotteurs, et pour huit d'entre-eux, on avait des conditions de mer avec deux à trois mètres de creux !", précise Laura Troudet, directrice générale de la coopérative Skravik. "Cela nous a permis de valider des outils à mettre en place à bord." L'équipe a, par exemple, imaginé un système de lasso pour attraper les flotteurs depuis le catamaran.

Les résultats de cette campagne seront observés à plusieurs niveaux. La décarbonation des moyens nautiques est en effet un enjeu important pour la Flotte océanographique française (FOF), opérée par l'Ifremer. La FOF travaille sur une évolution de sa flotte dans les années à venir pour faire face aux enjeux climatiques. Et peut-être en intégrant, à terme, des voiliers dans la flotte !

Les profileurs ont été débarqués au port de Brest le 10 juin - © Ronan Le Coz
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