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Des guerres aux conflits personnels, comment sortir des rivalités ?

Un article rédigé par Madeleine Vatel - RCF, le 25 octobre 2023 - Modifié le 28 octobre 2023
Je pense donc j'agisDes guerres aux conflits personnels, comment sortir de nos rivalités ?

L’escalade de la violence au Proche-Orient nous interroge sur les rivalités anciennes. Celles des populations, mais aussi plus largement, sur ces conflits qui nous traversent, dans notre vie quotidienne. Désir, convoitise, jalousie, cupidité : les rivalités sont-elles inévitables ? Des conflits armés aux conflits personnels, comment sortir de nos rivalités ? Nos invités puisent leurs réponses dans la Bible, dans la littérature, mais aussi dans les soubresauts du monde contemporain.

© Image de frimufilms / Freepik© Image de frimufilms / Freepik

C’est l’autre nom du désir, de la jalousie, de la convoitise. Définies comme une concurrence de personnes, d'États, etc, et qui prétendent aux mêmes avantages et aux mêmes succès. Les rivalités sont présentes dans tous les aspects de la vie quotidienne. Il y a celles qui secouent les familles, qui stimulent les sportifs, celles qui agitent la politique et la géopolitique. Quels sont les ressorts des rivalités fratricides, diplomatiques, sociétales ? Sont-elles inévitables et comment en sortir ?

Croire qu’une issue est possible 

L’histoire nous montre que des conflits qui semblaient enracinés à jamais ont trouvé, contre toute attente, une solution. En Afrique du Sud, le poing levé de Nelson Mandela est d’abord celui de la victoire du pardon, et de la prise au sérieux de l’engagement d’un homme politique décidé à imposer la paix. 
"Quand le conflit dure depuis longtemps, ça semble peut-être très utopique. Mais il faut déjà y croire, c’est un parti pris" relève le père Jean-Francois Petit, assomptionniste, enseignant de philosophie à l'Institut Catholique de Paris, pour qui la vengeance est une impasse morale.

 

À ce titre, dépasser la loi du talion « œil pour œil, dent pour dent » apparait comme indispensable pour arrêter le cycle infernal de la violence. « Ce qui fonde la dignité de l’homme, c’est le désir d’une désescalade, une résolution des conflits, souligne Jean-François Petit. Comme chrétien, nous sommes appelés à une non-violence qui nous concerne tous ».

 


Écoutez l'émission en intégralité "Des guerres aux conflits personnels, comment sortir de nos rivalité ?"


 

Sortir du sentiment de fatalité 

Pour la philosophe Laurence Hansen-Love, « il faut toujours imaginer une issue, un espoir ». S’appuyant sur le livre du sociologue allemand Max Scheler, L’homme du ressentiment, elle souligne que « les rivalités ancestrales dont on n’arrive pas à sortir sont liées au sentiment de fatalité, à l’impression d’être prisonnier d’un destin, sans issue, et cela rend fou ». Pour l’auteure de La violence. Faut-il désespérer de l’humanité ? publié aux éditions du Retour, il faut supposer qu’il y a toujours un espoir de justice. « La vengeance est le fruit d’un ressassement qui dure des années, où les deux parties sont convaincues d’avoir raison, tout en ayant un sentiment d’impuissance, et à la colère succède la vengeance ».

Pour arrêter les engrenages effroyables, deux incontournables : le premier est le châtiment, le second le pardon.

 

Pour éclairer la sortie du conflit israélo-palestinien, Laurence Hansen-Love en appelle aux écrits de son ancien professeur, Vladimir Jankélévitch. « Il y exprime deux incontournables pour arrêter les engrenages effroyables : le premier est le châtiment, le second le pardon. Tous les deux sont extrêmement difficile, mais possible et nécessaire, comme l'a montré le tribunal de Nuremberg ». 

Désigner un bouc émissaire… ou parler 

Yves Bernanos est auteur et réalisateur de documentaires dont "René Girard, la vérité mimétique". Il revient sur les travaux du grand penseur de la seconde moitié du XXe siècle, anthropologue, décédé en 2015 et à l'origine de  "la théorie mimétique", un comportement humain universel. « Le désir de posséder ce que l’autre a, c’est une mécanique qui conduit justement à la violence et à la rivalité. C’est la désignation d’un bouc émissaire qui va permettre d’en sortir ». Poussant son raisonnement plus loin, René Girard estime que la Passion du Christ, sa mort par amour pour les hommes, va stopper ce cycle infernal. « René Girard considère qu’on sort de la rivalité par l’attention à l’autre, l’oubli de soi. Le dépassement de la spirale de la violence, de la montée aux extrêmes, passe par la reconnaissance de l’autre ».

 

Dans la Bible, le récit de Caïn et Abel (livre 4 de la Genèse) raconte une rivalité qui s’achève par le meurtre fratricide en raison de l’absence de parole. « Notre seul pouvoir pour faire taire les armes, c’est de parler » conclut le père Jean-Francois Petit, membre du Comité scientifique du Monde de la Bible. 

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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