202 députés ont signé une proposition pour lutter contre la désertification médicale. Mesure phare de ce texte : la régulation d'installation des médecins généralistes. Une idée longtemps taboue qui convainc quelques médecins. Malgré quelques réserves.
Lundi 13 mars 2023, 18h30, le tour de France des déserts médicaux s’est arrêté à Alençon.
Six députés portant la proposition de loi (PPL) contre les déserts médicaux sont assis à la tribune face à 70 personnes. Un insoumis, deux socialistes, deux membres d’Horizons ainsi qu’un député Les Républicains. Deux heures pour la mesure phare de cette PPL : réguler l'installation des médecins en les forçant à s’installer dans des déserts médicaux.
Vous faites le serment d’hypocrate pourquoi ? Pour venir en aide aux gens qui ont besoin de vous et non pour faire de la planche à voile à Biarritz
Dans la salle, les médecins généralistes sont séduits par les propositions des députés. Des représentants de l'association des citoyens contre les déserts médicaux se réjouissent de cette PPL. « Ce sont des propositions que nous faisons régulièrement, rappelle le Michel Landais, médecin généraliste à la Ferté Bernard. Nous militons pour que les internes fassent deux ans dans des endroits où on a besoin d’eux. Après ces deux ans, s’ils restent on les aident à s’installer. Sinon il partent mais ils se débrouillent. » Y a-t-il un risque de décourager les jeunes ? « Vous faites le serment d’hypocrate pourquoi ? Pour venir en aide aux gens qui ont besoin de vous et non pour faire de la planche à voile à Biarritz. »
Le manque de nouveaux médecins
Maîtriser l'installation des nouveaux médecins c’est bien, encore faut-il qu’il y’en ait… Ils sont plusieurs dans l’assemblée à alerter les députés sur la baisse d’attirance pour ce métier. « Il n’y a plus d’installation en libérale, constate Caroline Colignon, médecin généraliste à Almenêches. De ma promotion de médecine, je suis une des seules à m’être installée en libérale. »
Pourquoi un tel désamour pour l’installation en libéral ? Les généralistes dans la salle soutiennent que la « permanence des soins » - les gardes - rebutent les jeunes. La PPL contre les déserts médicaux propose de rétablir ces gardes pour les médecins. Une idée froidement reçue dans la salle. « Les femmes ont peur pour leur sécurité pendant les gardes », confie un médecin ornais qui souhaite garder l’anonymat. L’obligation de faire des gardes tranche avec les aspirations des jeunes médecins qui veulent « faire des horaires normales », explique Caroline Colignon.
Les généralistes : des médecins « ratés »?
La médecine générale n’attire plus. Les généralistes sont également considérés comme des « ratés », jure Dr Ghislaine Gigot. La représentante du syndicat de médecin CSFM dans l'Orne affirme que les études de médecines favorisent les professions à l’hôpital. Le Dr Gigot est opposée à la régulation des installations de médecins. Y compris dans l'Orne qui compte trois fois moins de médecins rapporté au nombre d'habitants par rapport à la moyenne nationale. Le combat politique entre blouse blanche et députés ne fait que commencer. Les élus peuvent compter sur le soutien d'une partie d'entre eux.
Les députés qui portent cette proposition de loi soumettent une pétition pour soutenir ce texte. Intitulée : « Pour en finir avec les déserts médicaux ». Elle est à retrouver sur change.org.
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