Juste avant la guerre en Ukraine, le président de la république Emmanuel Macron annonçait le renforcement des sites nucléaires français, notamment dans les Hauts de France. Quelle pertinence environnementale et géopolitique ? Réponse avec l'association environnementale EDA.
Le 10 février dernier, le président de la république annonçait la création de deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 dans les Hauts de France à Gravelines et 4 autres en France, ainsi que huit autres à l'étude (soit un budget global de 50 milliards d'euros). Ces deux réacteurs nouvelle génération, European Pressurized Reactor, de 1600 mégawatts chacun viendraient remplacer deux des six plus anciennes tranches de Gravelines de 900 mégawatts chacun actuellement en service. Cela permettrait à la centrale dès 2035 de passer d'une puissance de 5400 à 6800 mégawatts.
Cette nouvelle génération de réacteurs a l'avantage d'être plus efficace, d'être équipée d'enceintes en béton plus épaisses et de permettre des opérations de maintenance sans arrêter l'ensemble de l'installation. Ce projet est porté par la communauté politique et économique du Dunkerquois. Il faut dire que la centrale concerne 2000 emplois directs et des retombées fiscales qui atteignent près de 130 millions de taxe et d'impôts reversés chaque année par EDF. Qui plus est, les projets d'énergie verte de la Côte d'Opale autour du parc éolien offshore, de la décarbonation d'Arcelor Mittal et de la production d'hydrogène nécessitent de vrais capacités de production d'électricité stable.
Mais les associations régionales environnementales comme EDA, Environnement Développement Alternatif, sont très sceptiques, comme le souligne Anita Villers engagée sur ces questions depuis 1990 et participant régulièrement à des échanges avec l'ASN, l'Autorité Sureté nucléaire :
"Ces réacteurs ne sont pas nécessaires au vu des risques que cela implique, au vu du temps qu'il faudra pour les mettre en place, et au vu de l'approvisionnement en uranium".
Un approvisionnement qui ne ferait que renforcer notre dépendance à la Russie. Sans parler d'une communication qui s'est faite sans débat public :
" Le président Macron, une fois qu'il a eu l'assurance qu'il recevra des fonds européens, s'est empressé de faire l'annonce. Nous n'avons eu aucune communication en amont au niveau de l'ASN. Mais tout le monde a été surpris ; il n'y a pas eu de débat et on peut le regretter. Ce n'est pas démocratique."
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