LE POINT DE VUE DE PIERRE DURIEUX - A l'occasion du dîner des bâtisseurs, repas rassemblant 500 personnes autour de tables de manière aléatoire, Pierre Durieux, saisit les enjeux d'un bon repas. Un grand repas de famille catholique, en somme.
Demain soir, se tiendra à Paris, le dîner des bâtisseurs !
500 décideurs issus du monde économique, politique, culturel ou sportif qui se réunissent sans autres prétention, que de... dîner ensemble !
C’est peut-être anecdotique, mais en réalité c’est une petite révolution... ou presque ! Enfin… c'est la 2e année que se tient ce dîner d’un genre nouveau, auquel assistent aussi quelques évêques : celui de Paris, de Marseille et de Reims, président de la CEF qui lui-même célèbrera la Messe avant de passer à table, avec quelques célébrités donc et de nombreux croyants anonymes, mais leaders de leur secteur ! Ils ne rencontreront pas sur leurs postes ou sur leur bulletin de salaire, mais en raison de leur foi : ils s’assiéront à table après un tirage au sort, en faisant confiance au hasard avec un grand P, c’est-à-dire à la providence !
C’est une nouveauté qui signe probablement la bascule d’une église qui, depuis fort longtemps, était majoritaire, qui se croyait "chez elle" dans cette civilisation qu’elle a contribué à fonder et qui se retrouve, bon gré mal gré, année après année, minoritaire.
Minoritaire, et donc, avec ce besoin de se retrouver, de faire corps... de se soutenir dans un réseau qui se crée, à l'initiative de quatre jeunes laïcs, la trentaine décomplexée, loin des sujets qui naguère ont pu fracturer notre Eglise !
Inspiré par le modèle du dîner du CRIF ou de celui des protestants, ce dîner est pourtant très singulier car il ne vise pas à faire valoir des revendications auprès des autorités civiles et politiques de notre pays. Certaines seront présentes à table, mais du côté des participants, en toute simplicité ! Le dîner ne vise pas non plus à établir un plan d'action, ni même à échanger de l’information comme dans un colloque : c’est d’abord l’objectif d’une rencontre gratuite, autour d’une table... de devenir un peu plus, un peu mieux, une famille !
Car, qu'est-ce que ce serait une famille, sans réunion de famille, sans repas de famille ?
Une table, quoi de plus important dans notre religion de l’incarnation ? Le sommet de notre foi, n’est-ce pas… la table de la Cène eucharistique... et l'horizon ultime de nos vies pour le "festin des noces de l'agneau..." ?
A cette occasion, le dîner des bâtisseurs dévoilera une enquête qui s’annonce passionnante et qui sera rendue publique demain, 14 novembre 2024, notamment dans le quotidien La Croix, qui cherche à établir le lien, s’il existe, entre la foi, la pratique, d’une part, et l’engagement des citoyens dans la société, d'autre part.
Et, c’est ce qui importe au fond : peu importe que nous soyons majoritaires ou minoritaires, c’est encore une rhétorique de la lutte des classes, ou mondaine... "L'Eglise : combien de divisions ?" demandait l’autre… La grande question, c’est celle des engagements des chrétiens. Ils sont moins nombreux, mais ils sont prêts à se réunir, à se reconnaître comme chrétien, à confesser le même credo, à partager la même table, à avancer vers l'unité, et à s'engager utilement pour la société. Voilà de quoi réconcilier les tenants de la pastorale du levain dans la pâte, c’est-à-dire de la discrétion, et ceux de du lampadaire, c’est-à-dire d’une foi exposée... Tous peuvent tomber d'accord sur cette attitude commune : de veiller ensemble, de s'engager et de servir, bref... de bâtir !
Or "Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir... ?" nous interroge l’Evangile.
Bon appétit les bâtisseurs ! Faites-nous rêver !
Que votre dîner esquisse les premiers contours de la cathédrale de demain, cette Eglise dont notre monde a tant besoin ! Une Eglise pauvre pour les pauvres, où les leaders sont d’abord des serviteurs !
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