Dominique Bourg: face à l'urgence écologique, "réinventer le système démocratique"

Après l'annonce d'Emmanuel Macron en juillet 2017, la réflexion sur la réforme du CESE (Conseil économique, social et environnemental) avance. Un projet qui tient à coeur à la Fondation pour la Nature et l'Homme. Président du comité stratégique et scientifique de la fondation, le philosophe Dominique Bourg co-signe Inventer la démocratie du XXIe siècle. L’Assemblée citoyenne du futur (Ed. Les Liens qui libèrent/Fondation pour la Nature et l’homme). Cette nouvelle assemblée pourrait remplacer le CESE. Elle s'appuierait sur deux principes: le long-terme et la participation citoyenne.
 

L'échec du système démocratique à résoudre la crise écologique

Pour Dominique Bourg, pas d'ambiguïté possible: "ce sont les démocraties qui nous ont conduits sur cette ornière climatique dont on parle en ce moment à la COP23 de Bonn."
 

"Nos démocraties doivent changer pour se projeter dans le long terme"

Il prend l'exemple de "l'accélération terrible" du coût moyen des catastrophes naturelles aux Etats-Unis. Dans les années 1980, il est de trois milliards de dollars par an, puis passe à 20 milliards de dollars en 2000, avant d'atteindre 40 milliards de dollars en 2013. Quant à l'ouragan Harvey fin août 2017, il a coûté 100 millards de dollars.

Un effort financier qui pourrait être régulé selon Dominique Bourg. "Les démocraties se sont données comme but d’améliorer le standards de vie, mais le contre-coup est le dérèglement extrême du système-terre. Nos institutions sont d'un autre âge, explique le philosophe, spécialisé dans les questions éthiques et environnementales. Nos démocraties doivent changer pour se projeter à long-terme."
 

"Nos institutions sont d'un autre âge"

renouveler le système démocratique

S'il déplore la pression forte subie par les hommes politiques pour agir exclusivement à court-terme, Dominique Bourg croit en la force du "contre-poids institutionnel" que pourrait représenter une chambre citoyenne. "Il faut ajouter un contre-pouvoir supplémentaire pour redresser le chemin et faire la part entre le standard matériel auquel chacun a droit, et les impacts hyper destructifs sur le milieu environnemental."

Il plaide notamment pour que le "populaire, le non élu" ait une vraie force politique et de vraies compétences. "Le consultatif ne sert à rien", affirme-t-il. Cette troisème assemblée devrait ainsi influencer véritablement le pouvoir législatif.

Emission réalisée avec la collaboration de RCF-Drôme.