Les 12 et 19 juin, nous votons pour les élections législatives en France.
Nous avons rencontré les différents candidats en Berry, et avons proposé à chacun d'entre-eux une interview en tête à tête de 5 minutes. Vous pouvez toutes les retrouver par ici.
François Jolivet, candidat de la majorité présidentielle, est le député sortant de la première circonscription. Il fait face à 7 adversaires.
Dans la deuxième circonscription, 9 candidats sont sur la ligne de départ, dont le sortant Nicolas Forissier, représentant des Républicains. Ce dernier souhaite être réélu.
Dans la première circonscription, François Jolivet va tenter d'être élu pour un second mandat. Durant le dernier quinquennat, il a été témoin, impuissant, de la fermeture de la maternité du Blanc en 2018. Il avait même qualifiée cette décision de « connerie » au micro de France Bleu Berry. À cette époque, il ne pouvait pas intervenir se souvient-il.
Ce n'est pas la Ministre ou la directrice générale de l'Agence Régionale de Santé qui ont pris cette décision, mais le Conseil de surveillance de l'hôpital. Depuis la loi 4D, les députés en font partie. Si j'avais eu cette place à cette époque, j'aurais essayé de porter ce sujet au sein du Conseil d'Administration de l'hôpital.
D'un point de vue écologique, le député de la majorité présidentielle souhaite des mesures « qui ne vont pas contre les gens », comme par exemple l'isolation des bâtiments, ou le fait de favoriser les énergies alternatives tels que l'hydroélectricité ou le photovoltaïque. En revanche, il ne se dit pas opposé aux éoliennes, même s'il ne souhaite pas « passer en force ».
Les habitants de la deuxième circonscription de l'Indre retrouveront aussi un visage connu : celui de Sophie Guérin. Finaliste malheureuse face à Nicolas Forissier il y a 5 ans, elle souhaite « faire au mieux » pour la gare d'Argenton-sur-Creuse. Ces cinq dernières années, le comité de défense s'est battu pour obtenir davantage de dessertes en provenance et en direction de Paris.
Concernant l'agriculture, l'ancienne maire de Heugnes souhaite porter une troisième révolution agricole : « On va passer d'une agro-chimie à une agro-écologie. Faire du désherbage avec du laser, cela permet de respecter les sols. Tout le monde est conscient qu'il est nécessaire de modifier les habitudes ».
Dans la deuxième circonscription de l'Indre, Nicolas Forissier est le député sortant. Bien qu'il ait échoué à l'élection régionale l'an dernier, il souhaite conserver son siège à l'Assemblée Nationale : « À 60 ans je suis au fait de ma forme et de mon expérience et, pour moi, ce n'est pas encore l'âge de la retraite. Contrairement à ce que j'entends parfois, il ne faut pas tout changer du jour au lendemain, et en permanence ».
Nicolas Forissier est le député sortant des Républicains dans l'Indre. ©Hugo Sastre
Il appuie sa candidature sur son bilan, et se présente comme un rempart face aux candidats de « l'extrême droite ou de la gauche radicale. Si la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale l'emporte, il y aurait un réel risque sur le plan économique et social. Le projet de Monsieur Mélenchon, c'est 300 milliards de dépenses supplémentaires tous les ans. Il y a un risque d'effondrement des petites épargnes ».
La conseillère municipale de Châteauroux se lance ! Après avoir été l'attachée parlementaire de Nicolas Forissier, Alix Fruchon tente sa chance dans la première circonscription. Malgré le faible score de Valérie Pécresse au niveau national, elle y croit, et différencie les élections présidentielles des législatives.
Parmi les points de son programme, stopper les fermetures de maternité comme cela a pu être le cas au Blanc en 2019. Elle avait d'ailleurs participé à l'époque à toutes les marches de soutien.
Il y a une logique comptable qui a été préférée à la logique humaine, constate-t-elle. Il faut revoir l'aménagement de notre territoire et se dire que, si on ferme ce genre de services, cela va forcément nous desservir et nous faire entrer dans une spirale négative. Je me battrai pour entrer dans une dynamique positive
Il y a 5 ans, Mylène Wunsch était battue au second tour des élections législatives dans la première circonscription par François Jolivet, malgré le bon score local de Marine Le Pen lors de l'élection présidentielle. Si le scénario semble identique cette année, elle croit à une issue différente pour plusieurs raisons. Tout d'abord en raison des « comptes à rendre » de l'exécutif, mais aussi de l'union des forces de gauche : « Elle n'a pas de réelle colonne vertébrale. Ils se sont associés simplement pour espérer avoir des députés à l'Assemblée Nationale. Je ne suis pas sûre que les électeurs socialistes ou communistes suivent ce rassemblement », analyse-t-elle.
Pour se distinguer de ses concurrents, la candidate propose plusieurs mesures en faveur du pouvoir d'achat : une TVA réduite pour cent produits de première nécessité, mais aussi de l'énergie.
Au niveau de la santé, le programme du Rassemblement National évoque une suppression des Agences Régionales de Santé pour confier la tutelle des hôpitaux aux Préfets de Région : « Ces instances génèrent beaucoup d'employés et de personnels non médicaux, donc cela coûte beaucoup d'argent. Il serait plus utile à payer davantage les personnels soignants ».
Dans la deuxième circonscription, Fabien Thirion peut compter sur le bon score enregistré par Marine Le Pen lors du deuxième tour de l'élection présidentielle : 50,6%. « Nos concitoyens se reconnaissent dans les idées du Rassemblement National. Le taux d'emploi dans le département est un des plus faibles du Centre-Val de Loire. Il faut donc proposer des mesures dans ce domaine-là ».
Une des priorités du candidat concerne également la lutte contre les éoliennes.
J'ai rencontré beaucoup d'opposants dans ma circonscription. Ils trouvent qu'elles dénaturent le paysage. C'est un des problèmes majeurs de ce territoire, mais aussi un saccage écologique. Elles génèrent également des problèmes de santé. Je vous mets au défi de vivre à côté d'une éolienne pendant 10 ou 15 ans, cela peut être très compliqué. Il faut redévelopper le secteur nucléaire et mettre en place des réacteurs un peu partout en France. C'est une énergie décarbonnée
Avec le contexte actuel de la guerre en Ukraine et de l'inflation, on retrouve encore la préoccupation centrale du pouvoir d'achat dans le programme de la NUPES. Elle propose, par exemple, de bloquer le prix du carburant à 1,30 euros le litre. Cette mesure est indispensable, et particulièrement en zone rurale, selon Aymeric Compain, candidat dans la deuxième circonscription de l'Indre. « Ma famille est originaire de Buxeuil, et ils sont nombreux à faire trente kilomètres pour aller travailler tous les jours. Contrairement aux autres forces politiques, on souhaite faire payer les producteurs et les distributeurs. On est donc pour que ce soit ceux qui s'enrichissent avec cette hausse, qui la payent ».
Dans la première circonscription de l'Indre, l'union des forces de gauche a des chances de se qualifier au deuxième tour si l'on additionne les scores de la présidentielle. Mais pour Éloïse Gonzalez, une élection n'est pas aussi simple qu'un calcul : « En revanche, c'est porteur d'espoir, reconnaît-t-elle. On s'en rend compte lors de nos différentes rencontres en porte-à-porte ou sur les marchés ».
Parmi les projets qu'elle souhaite mettre en avant, la planification écologique à partir des communes.
Les régies d'eau doivent être gérées au plus près des bassins versants. Il y a un énorme travail à faire au niveau des réparations pour les canalisations, parce qu'on a énormément de perte dans les sols en raison des fuites. Autour de Châteauroux, on voit aussi sur les zones de captage des champs où sont déversés des litres et des litres de pesticides. Les nappes phréatiques sont au plus bas, et en plus elles sont polluées ! Il faudrait raisonner ce type d'agriculture, mais pour cela il faut des aides et un accompagnement.
Le Parti d'Éric Zemmour a choisi Sandrine Felder pour représenter ses idées dans la première circonscription de l'Indre. Cette novice en politique était déjà intéressée par le personnage lorsqu'il était polémiste. Elle a été particulièrement séduite par « la défense de notre mode de vie », dont le quotidien en zone rurale. Pour cela, elle souhaite être à l'écoute des élus locaux « en les aidant à agir sur le terrain ».
Parmi ses projets, elle aimerait notamment développer les circuits courts. « C'est l'avenir pour favoriser nos agriculteurs. J'aimerais les aider à aller plus loin, peut-être avoir de meilleurs revenus, ou développer d'autres moyens de communication ».
Comme Sandrine Felder, c'est la première élection à laquelle se présente Jean-Michel Péroux, candidat dans la deuxième circonscription. Pour autant, il ne souhaite pas qu'on le place à l'extrême droite. « Je ne m'estime pas de ce côté de l'échiquier politique. Ce qui m'a plu chez Éric Zemmour, c'est la sincérité de ses propos. Mon objectif pour ces législatives, c'est de faire plus que les 6% obtenus lors des présidentielles ».
Sa campagne a comme objectif de « sauver » la ruralité mais aussi de peupler le département.
La crise sanitaire de la COVID-19 a permis aux entreprises et aux citadins de se rendre compte qu'on était bien mieux confinés à la campagne qu'en ville. De nombreuses personnes sont donc venues s'installer dans nos territoires. Il faut surfer sur cette vague pour mettre à leur disposition des moyens pour leur donner envie de rester. C'est de cette manière que l'on ne perdra pas nos services publics.
Sans surprise, une grande partie du programme de ce parti est consacré à la cause animale. Camélia Boissou dans la première circonscription de l'Indre espère faire mieux que les 2,2% obtenus à l'occasion des élections européennes en 2019.
Pour cela, elle souhaite, notamment, interdire l’importation de la faune sauvage capturée et leur reproduction en captivité à des fins d’exhibition. La réserve zoologique de la Haute-Touche serait donc impactée. Camélia Boissou propose de transformer ce lieu « en zoo refuge, et donc d'arrêter l'exhibition des animaux qui ne sont pas en danger d'extinction ». Elle est favorable à de la reproduction seulement pour lutter contre la disparition d'une espèce, et elle ajoute une condition : seulement s’il est possible de les relâcher par la suite.
Dans la deuxième circonscription, Roland Cash souhaite la mise en place d'un statut pour les animaux. « Ils seraient donc considérés comme une personne sensible, susceptible d'avoir comme intérêt principal de ne pas mourir, de ne pas être maltraités et de ne pas être enfermés », explique-t-il.
Ce statut aurait des conséquences pour les éleveurs de sa circonscription, et ce, quelle que soit la taille des exploitations. « Le problème vient de l'abattage. C'est un moment où les animaux souffrent. Parfois des mises à mort se font même sans étourdissement ! Mais le parti animaliste n'est pas extrémiste. On ne veut pas tout arrêter du jour au lendemain ». Roland Cash est donc favorable à la mise en place de caméras au sein des abattoirs de Lacs ou de Valençay, situés dans sa circonscription. Ensuite, il aimerait une végétalisation de l'alimentation.
C'est mieux sous tous les plans, défend-t-il. Pour l'animal parce qu'on ne le tue pas, pour l'environnement en raison du dioxyde de carbone produit par l'élevage, mais aussi pour la santé humaine : manger de la viande rouge tous les jours réduit l'espérance de vie.
Ce n'est pas la première fois que Véronique Gélinaud, pour la première circonscription, est candidate à une élection. Elle était déjà présente aux législatives il y a 5 ans, et aux municipales à Châteauroux en 2020. Ses faibles scores ne l'ont pas découragée. Cependant, elle n'a pas l'objectif d'être élue. « Se présenter nous permet d'exposer notre programme de lutte, explique-t-elle. Ce ne sont pas les députés qui vont être contre les licenciements, ou les fermetures d'entreprise ! ».
Cette aide-soignante à la retraite aimerait que les prix ne puissent plus augmenter sans une hausse similaire des salaires ou des retraites. Elle souhaite aussi un minimum de 2 000 euros net par mois pour tous.
Dans la deuxième circonscription, Damien Mercier ne s'attend pas non plus à être élu. « Il faut être lucide : les candidats révolutionnaires arrivent au pouvoir seulement dans une période de mobilisation de la classe ouvrière. L'objectif, c'est de dire quelles peuvent être leurs perspectives ».
Le pouvoir d'achat est donc le thème de prédilection de ce parti, mais aussi une retraite à 60 ans pour tous, ou une augmentation des salaires et des pensions. « Il faudra les imposer, cela exigera une lutte acharnée », prédit-il. Pour cela, il plaide pour un contrôle des salariés sur les comptes des entreprises et la fortune de leurs propriétaires. « Cela permettrait de connaître toutes les richesses produites par les travailleurs, et comment elles sont détournées pour les donner à un certain nombre de parasites. Parfois elles ne sont mêmes pas déclarées aux impôts ! »
Le parti n'a pas présenté de candidats face à ceux issus du mouvement de Jean Lassale, ancien-candidat à la présidentielle. Il faut dire qu'ils ont de nombreux points communs : la ruralité et « le bon sens. Il s'agit des choses qui coulent de source concernant nos préoccupations premières, comme le coût exorbitant du carburant alors qu'en ruralité cela devrait être un produit de première nécessité avec une TVA inférieure à celle existant actuellement », résume Claudine Gibault, candidate dans la première circonscription.
Cette défenseur de la chasse accorde aussi une place importante à la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle souhaiterait qu'elles bénéficient de « dix fois plus de places pour l’accueil d’urgence par rapport à ce qui est proposé actuellement à Châteauroux ». Elle aimerait également augmenter les budgets consacrés à cette cause, mais aussi « mieux » former les gendarmes et les policiers qui reçoivent des plaintes et des peines plus sévères.
Dans la deuxième circonscription de l'Indre, Alexandra Botton met aussi en avant la ruralité, une thématique oubliée pendant l'élection présidentielle selon elle. Elle est donc favorable à la chasse, à condition qu'elle soit raisonnée. « Beaucoup de personnes sont confrontées à des destructions de plantations en raison d'un nombre important de gros gibier qui détruisent les parcelles. Il faut donc faire en sorte de réguler le nombre d'espèces animales », justifie-t-elle.
Dans le même temps, Alexandra Botton est défavorable à la mise en place des éoliennes pour préserver la qualité des paysages, mais aussi en raison de l'impact sur la santé, comme le risque de vertiges ou d'acouphènes. En cas d'élection, elle pourrait donc s'inspirer de Maron, une commune située dans sa circonscription. Ce village a mis en place un label “Commune sans éoliennes”. « On va militer pour qu'il y ait une réglementation autour de ces implantations », abonde-t-elle.
Annie Berthault-Khorzyk représente le parti dans la deuxième circonscription de l'Indre. Parmi les points forts de son programme, la réintégration des soignants exclus, parce que non vaccinés contre la COVID-19. « Je souhaite aussi qu'on leur restitue les salaires qu'ils n'ont pas perçus. Ces injections nécessitent un consentement éclairé, que n'ont pas forcément eu tous les gens qui l'ont reçu. Cela soulagerait le personnel actuellement en service dans les hôpitaux de ma circonscription ».
La candidate plaide aussi pour un remplacement par référendum de l'Union Européenne par une Communauté des nations libres.
Le droit français serait ainsi supérieur au droit européen. La France ne serait pas obligée de travailler avec tous les pays, mais pourrait les choisir en fonction des projets. Nous retrouverions donc le droit d'avoir des trains, une monnaie stable, et nous ne dépendrions plus des États-Unis.
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