Après avoir hésité, l’Organisation mondiale de la Santé a finalement décidé de ne pas déclarer l’état d’urgence mondiale, estimant faible le risque de propagation de la maladie à travers le monde. Le problème reste important.
"On le connait depuis 1976. Il existait déjà en République démocratique du Congo. C’est un virus qui est hébergé par, très vraisemblablement, des chauves-souris. Cela n’a pas été absolument confirmé mais on a une présomption très forte pour penser que le réservoir de ce virus serait cet animal. Il est transmis à l’homme par ce qu’on appelle des hôtes intermédiaires, qui peuvent être soit des grands primates, soit des antilopes. Depuis 1976, en RDC, on a eu plus d’une dizaine d’épidémies et très souvent le même mécanisme : une épidémie chez les primates, les chasseurs de primates s’approchent des animaux, et en découpant la viande ils s’infectent, puis ramènent la maladie dans leur village qui va se développer sous la forme d’une épidémie" explique Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur à Paris.
"Ce qui caractérise les épidémies récentes, c’est le nombre de personnes touchées. On se rend compte aujourd’hui que l’on est devant des épidémies qui très souvent étaient restreintes à des villages très reculés de zones tropicales, et qui maintenant arrivent dans des villes de taille importante, avec des systèmes de santé très fragiles, comme il s’agit de pays très pauvres" ajoute-t-il.
"La difficulté aujourd’hui avec l’épidémie de la région du Kivu, c’est qu’il y a beaucoup de milices armées, de rebelles, qui circulent dans cette région, et qui rendent l’intervention des forces de contrôle de l’épidémie très difficiles. Il y a eu des attaques d’hôpitaux, d’ONG. Et la maîtrise d’une épidémie d’Ébola nécessite d’avoir accès aux patients, mais aussi à leur contact pour les identifier, les vacciner, les surveiller une dizaine de jours afin de vérifier qu’ils ne développent pas la maladie. Toutes ces mesures de contrôles sont rendues très difficiles dans une région de conflit armé" lance ce chercheur à l’Institut Pasteur.
"La grande nouveauté pour cette épidémie, c’est la mise à disposition d’un vaccin qui a été testé lors de la dernière épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Ce vaccin peut être administré au personnel de santé en première ligne, aux contacts des patients infectés, et on sait qu’il est très efficace. Maintenant, pour pouvoir vacciner, il faut avoir accès aux populations" conclut Arnaud Fontanet.
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